Le combat ordinaire

Écrit et Réalisé par Laurent Tuel. Adapté de la bande dessinée de Manu Larcenet. Avec Nicolas Duvauchelle, Maud Wyler, Olivier Perrier, André Wilms, Liliane Rovère, Jeremy Azencott, Randiane Naly. France. 104 minutes. Sortie française le 15 Juillet 2015.

Adapté de la Bande Dessinée éponyme de Manu Larcenet, le film en ressort tous les intérêts sociaux politiques. Il ne s’agit pas d’une oeuvre qui a un propos politique, ou qui veut dénoncer quoi que ce soit. Il s’agit uniquement d’encrer son protagoniste dans des déboires et des malheurs que tout le monde peut rencontrer. La perte d’un emploi, le ras-le-bol de la ville, le solitaire qui vit avec un chat, la peur de l’engagement, la souffrance due à une maladie, le décès d’un proche, des révélations du passé, etc. Tout l’environnement du personnage principal est un regard sombre sur la vie dans sa plus grande universalité.

L’une des grandes forces du film, c’est son casting. Des visages sympas qui ont des rôles secondaires touchants, pour Olivier Perrier (le père malade), André Wilms (un voisin mystérieux), Liliane Rovère (incroyable mère). Puis, il y a les têtes d’affiches : Maud Wyler, toujours aussi sexy et très juste ; Nicolas Duvauchelle, dans une retenue aérienne et une énergie en marge de la douceur du propos. Ce qu’il faut retenir, c’est que toutes les combinaisons fonctionnent. L’alchimie tourne surtout par un rapprochement constant des corps : que ceci soit dans la tendresse ou dans l’affrontement.

Tout de même, ces idées de mise en scène ne sont que des éclairs. Les séquences déroulent, et l’approche reste la même. Les personnages marchent, vont et viennent dans les mêmes lieux, et s’arrêtent pour parler. Quand ils ne discutent pas entre eux, ils sont réduits au minimum dans des plans larges ou généraux. Les bons sentiments qui traversent le film, forment une mise en scène trop minimaliste pour créer un quelconque rythme. Parce que cette adaptation compte davantage sur ses répliques, ses paroles, pour porter son intrigue vers son objectif. Si toutefois l’objectif atteint devrait présenter un quelconque intérêt.

Même le découpage ne montre pas tellement d’intérêt pour l’intrigue. Les variantes d’échelles n’ont pas vraiment de sens, et cherchent davantage à se reculer quand la parole est absente, et à se rapprocher quand les personnages parlent. En effet, le cadre est souvent trop proche, comme si le film adoptait les petits rectangles académiques des bandes dessinées. Mais surtout, les plans fonctionnent souvent comme des portraits simples des personnages présentés. La mise en abîme du protagoniste photographe prend tout son sens. En photographiant son environnement, il dresse un portrait de soi-même évoluant à l’intérieur.

Ainsi, le film se développe à travers des instants. C’est à travers tous ces moments, intimes ou non, que les caractères des personnages se forgent. Il n’y a pas vraiment d’exposition, car tout est développé et approfondi au fil des scènes. D’où la recherche de traiter plusieurs instants, partant de questions privées à des réflexions plus générales. Le soucis avec ces instants, c’est la frontière faite entre les émotions et les sensations. Ces dernières sont très présentes dans les tentatives des mise en scène (comme un câlin de réconfort), mais les émotions sont contenues dans la parole et dans des voix off pénibles (très explicatives).

Enfin, tout ce beau monde évolue dans une esthétique assez étrange. Le film fait preuve de quelques folies esthétiques, avec des moments loufoques et des moments rêvés. Mais ils peuvent se compter sur les deux mains, ce n’est pas une idée aboutie. Pas suffisant pour crée une ambiance, qui finira par rester toujours identique. Sa monotonie reflète le manque d’inspiration envers les espaces cadrés. Les paysages sont inutiles et quelconques, et les pièces d’intérieurs ne présentent aucune réflexion sur la lumière. Le film se repose sur sa parole sans jamais chercher à avoir un style à lui.

2 / 5
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