On peut critiquer la mode hollywoodienne de livrer des suites à outrance, et admettre que se cache dans la mêlée quelques diamants. Lorsqu’un jeune auteur a les coudées franches pour s’emparer d’un mythe (Rocky Balboa), et modernise la saga tout en respectant ses origines, cela donne CREED, et cela donne surtout une magnifique performance de deux acteurs à la croisée des chemins : un Sylvester Stallone qui aura rarement été aussi bon, et un Michael B. Jordan très convaincant (loin de sa prestation dans LES 4 FANTASTIQUES).
L’histoire, vous la connaissez, ou presque. Fils illégitime d’Apollo Creed (ami de Rocky, vu dans les 4 premiers films), Adonis Johnson a la boxe dans le sang, et l’envie du ring. Mais pour devenir un vrai boxeur, il doit trouver un mentor, qui ne sera autre qu’un Rocky retraité. Entre le retour dans l’arène de Rocky, frappé par la maladie, et l’ascension du jeune homme, c’est un double combat qui se profile. Loin d’être gagné, le pari de CREED semble reposé sur la foi d’un jeune réalisateur, qui a compris les enjeux de ce portrait d’une Amérique en mouvement.
Tour à tour héros sportif, puis emblème national, Rocky c’est le fils des Etats-Unis, son porte drapeau. En suivant l’évolution de son pays, Rocky reste un homme humble, un gagnant devenu restaurateur au quotidien. Si le film ne surprend pas dans son histoire, simple mais efficace, c’est avant tout les coups de génie du réalisateur derrière sa caméra qui transporte le tout. D’une direction d’acteurs solides (déjà notée dans son précédent FRUITVALE STATION), et d’emmener le spectateur, ce sont des plans séquences et une caméra vivante qui nous amène le récit. On est aux côtés de Creed et Balboa à Philadelphie, sur le ring s’il le faut, pour suivre l’histoire.
Premier segment (à n’en pas douter) de plusieurs films, ce CREED signe a priori l’ultime passage de Rocky Balboa devant la caméra. Le héros fatigué, ici superbe, semble passer le témoin à son jeune poulain, le fils de son ami. Comme une démonstration qu’il faut donner un nouvel élan à tout cela, et malgré les à-côtés inutiles de l’histoire, ce CREED livre ce qu’il promet : de beaux combats, et de quoi préparer l’avenir.
4 / 5