Démolition, un drame intimiste porté par Jake Gyllenhaal

Difficile de ne pas faire confiance à Jake Gyllenhaal dont les faux pas sont rares. Ok, PRINCE OF PERSIA n’aura pas été la meilleure idée du monde (et pourtant, on pouvait y croire), mais le comédien a depuis rectifié le tir : EVEREST, LA RAGE AU VENTRE, NIGHT CALL, ENEMY, PRISONERS, END OF WATCH… Jake enchaîne les rôles physiques, et traîne sa carrure devenue athlétique à travers des histoires sombres et souvent marquantes. DEMOLITION reste dans la même veine, et porte encore plus la patte de son comédien, parfait dans ce rôle de veuf mal à l’aise.

Un accident banal, la perte de l’être aimé, et voici la vie d’un homme d’affaires classique transformé en deuil lancinant. Sauf qu’ici, le veuf n’est pas forcément plongé dans une grande douleur. Triste, sans doute, il cherche la faille qui pourrait le faire craquer, l’amener au niveau de son entourage dévasté. Lui continue les mêmes gimmicks du quotidien, sans visiblement être traumatisé par la tragédie. Au contact d’une femme pas très heureuse, elle, et de son fils, il va commencer à trouver un certain réconfort, une écoute.

Histoire classique (qui aura nourri également le SEA OF TREES de Gus Van Sant), celle d’un homme dépassé par la perte de sa femme, DEMOLITION dresse le portrait d’un homme qui doit se reconstruire, et a fortiori doit d’abord connaître la chute. Sans vraiment la chercher, il doit la provoquer pour avancer. Coupable d’une absence de sentiments, ou du moins les interprétant différemment (en cherchant la douleur, l’effort, la destruction..), il traverse l’épreuve à sa manière. Gyllenhaal face caméra occupe tout l’écran, avec un charisme indéniable. A ses côtés Naomi Watts (également du Gus Van Sant…) joue le reflet pâle de cette épreuve, non dénuée d’intérêt mais clairement effacée par l’acteur en face d’elle. Jean-Marc Vallée (WILD, DALLAS BUYER CLUB) signe une nouvelle fable humaine qui, comme ses derniers films, passionnera sans forcément émouvoir.

3.5 / 5