Pour son nouveau film, Jean-Pierre Jeunet a choisi d’adapter le roman de Reif Larsen, L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet. Après Micmacs à Tire-Larigot il lui est apparu trop ardu de se confronter à la page blanche et comme le roman est assez proche son univers habituel, la collaboration s’annonçait évidente.
T.S. Spivet vit dans le Montana au sein d’une famille toute particulière mais terriblement attachante. Il est un peu le petit génie et s’est donné comme défi d’inventer un objet capable du mouvement perpétuel.
Jean-Pierre Jeunet est un grand metteur en scène. On peut ne pas aimer tout ce qu’il a fait, son savoir-faire technique est indéniable. Avec ce nouveau film, il s’est ajouté une contrainte supplémentaire, la 3D. Il utilise un procédé lui permettant de filmer comme si sa caméra avait deux yeux et pour l’occasion s’entoure de la même équipe qu’Hugo Cabret. De plus, il a choisi l’adaptation d’un roman annoté tout du long par l’auteur (de texte ou parfois même de dessins). Il va utiliser la 3D pour nous montrer ces détails. Car Jeunet est l’homme de la situation quand il s’agit des détails que l’on savoure jusqu’au générique de fin. Ici, ils sont drôles et touchants à la façon du Fabuleux destin d’Amélie Poulain. Son film est cependant moins maniéré que ces récents. On le sent plus posé, avec presque l’envie de redevenir ce jeune garçon dont il nous conte l’histoire.
Il s’empare d’un récit initiatique et nous raconte comment le jeune T.S. fait face au deuil. Il met en exergue son insouciance et sa singularité. Tous les personnages sont passionnants et bien écrits. Le casting est parfait. On redécouvre Helena Bonham-Carter lumineuse. Les couleurs de Jeunet, ocres et chaudes, lui font un teint splendide. Imaginez qu’on voudrait l’avoir pour maman en sortant de la projection ! Dominique Pinon est aussi de la partie, pour une septième collaboration avec le cinéaste.
Jean-Pierre Jeunet met sa casquette de réalisateur poète et nous emmène faire un voyage coloré et mélancolique dans le fin fond des Etats-Unis. Mais il nous parle aussi de lui à travers ce personnage, un gamin inventif et confronté à un monde qui lui est parfois hostile, le tout dans une 3D tellement parfaite qu’on imagine difficilement comment le film pourrait être en 2D.
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