Lone Ranger

Drôle de parcours que celui de Gore Verbinski, passé d’homme de main d’Hollywood aux débuts des années 2000 à entertainer de première catégorie avec la saga PIRATES DES CARAIBES. Et tout en grandissant, Gore semble acquérir un semblant de liberté créative qu’on ne décelait pas à ses débuts. Avec LONE RANGER, il continue sa fructueuse collaboration avec Johnny Depp, plus espiègle que jamais en sidekick du héros, pour un divertissement grand format non dénué de sens.

De manière surprenante, LONE RANGER est un amusement de quantité et de qualité. On le savait depuis les PIRATES…, mais aussi avec le tonitruant RANGO, Verbinski sait nous emmener très loin dans l’aventure avec un A majuscule. Délire de forme et univers très riche, ses derniers films sont de véritables montagnes russes dont vous ressortez le souffle coupé. Peu importe la vraisemblance, ici on joue. L’univers du western se prête élégamment à un nouveau tour de piste, entre mélanges des mythologies (l’image du Lone Ranger, les indiens mystiques, les hors la loi, l’industrialisation…) et cirque à ciel ouvert. L’humour est partout, l’absence de sérieux également et le reste n’est qu’une succession de tour de passe-passe jusqu’au dernier moment, sorte de grand huit hallucinant et totalement irréaliste. Trop sans doute pour coller à l’histoire précédente, mais après tout qui en prend note ?

Avec un sens du récit totalement éclaté (l’histoire est racontée par un Depp vieillissant en plein XXe siècle), et la volonté de ne pas ennuyer le spectateur, Verbinski livre encore une fois un film dynamite, décomplexé et visuellement très maîtrisé où son envie de grand spectacle s’exprime en toute liberté. Sans doute au détriment de quelques seconds rôles sacrifiés ou d’une absence de rigueur scénaristique, dont on ne lui tiendra que peu rigueur. Dans tout ça, le plus surprenant reste alors un portrait sous-jacent et critique d’une Amérique et de son histoire sanglante, aux premières heures de la création du pays.

Sous la houlette de l’oncle Disney, Verbinski raconte avec son LONE RANGER une histoire peu glorieuse pour les fondateurs de l’Amérique moderne, transformant son héros (juriste de formation) en porte étendard des causes indiennes et anti-conformiste à souhait contre les méchants blancs capitalistes. Un regard inattendu qui contrebalance les excès en tous genres orchestrés à l’image. A ce niveau là, vous en prendrez pour l’été.

3 / 5
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