Johnny Depp a beau se trainer une réputation de joli bohème, sa sélection de rôle depuis le début de sa carrière ne l’amène pas dans la direction opposée : camé, drogué, alcoolique… De Las Vegas Parano à Pirate des Caraibes, jusqu’à ce RUM DIARY (titre VO), Depp soigne son image de grand fou sous substance (ou sous direction de réalisateurs fous, ça peut marcher aussi), et ça marche à chaque fois. Pour autant, ce RHUM EXPRESS, adaptation de l’oeuvre semi-autobiographique de Hunter S. Thompson, n’est pas réellement ce qu’il annonçait être.. Un film à côté de sa plaque, tout comme le personnage principal.
Alcoolique notoire, Paul Kemp débarque de New York à Porto Rico. Le changement de vie et de décor ne fait qu’accentuer son immersion dans un contexte fortement alcoolisé, et avec quelques autres substances dont il se fait l’amateur, en compagnie de quelques amis journalistes. Rapidement mis à contribution par quelques entrepreneurs locaux pour son « regard acéré », il est surtout attiré par la femme de l’un d’eux, la magnétique Chenault (et on le comprend, il s’agit d’Amber Heard). Dès lors, ce qui s’annonçait être une sortie de secours devient une voie sans issue pour un écrivain en panne d’inspiration… Depp l’a voulu, il l’a produit. Même si ce film, comédie vaudeville renforcée aux substances illégales (dans un vieil esprit beat generation..), n’est pas forcément ce qu’on nous annonçait. Il ne faudra pas y voir une suite indirecte au Las Vegas Parano de Terry Gilliam, sous prétexte que Depp y cabotine comme toujours (ou presque), mais bel et bien d’une comédie étrange, quasiment d’un buddy movie rocambolesque où Depp et son comparse tentent d’éviter les ennuis tout en les attirant au mieux.
RHUM EXPRESS pourrait passer pour une comédie nouvelle génération, ersatz d’un Apatow sans les références modernes. Preuve que l’oeuvre de Hunter S. Thompson peut faire écho aux films d’aujourd’hui, une certaine classe des années 60 en plus. Au final, on reste un peu sur notre faim, car il est difficile d’y voir où va l’histoire, outre échapper aux problèmes qui s’accumulent à l’encontre des deux principaux protagonistes, tissant leur propre piège au fil des minutes. Pas de grands enjeux donc, mais un casting là aussi de luxe (Eckhart, Heard, Depp, Ribisi..), une ambiance moite et fiévreuse pour un petit coin de paradis pouvant rapidement vous faire tourner la tête. Pour le coup, Depp la perd totalement à l’écran, et c’est tant mieux. Sans sa présence, on aurait certainement été plus ennuyé…
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