Stones in exil

Certains pans de l’histoire du rock n’auraient pu être mieux racontés en fiction.. La réalité est assez fascinante quelquefois, et quand on s’approche d’un des plus grands groupes de rock toujours en exercice, le quotidien passe à la postérité. Le mythe des Stones est ici confronté à la conception d’un de leurs plus beaux albums, « Exile On Main Street ».

En 1970, les Stones font face à l’administration anglaise. Dans la folie de leurs débuts, et dépassés par le succès (et apparemment les manigances de leur manager), ils se retrouvent sans un sou, et avec beaucoup d’impôts. Face à leur problème, et risquant gros (prison) ils embarquent avec femmes et enfants pour l’étranger. Destination la Côte d’Azur, France. Installés dans la maison de Keith Richards, vivant en communauté sous le soleil, ils vont enregistrer un album pendant de longs mois. Un accouchement difficile qui leur offrira une parenthèse de vie et un disque magique, Exile On Main Street qui relancera leur carrière.

La vie des Stones est suivie depuis leur début, et pourtant voici un documentaire d’époque assez frappant. Le fan sera ravi, le spectateur fasciné par cette pure histoire de rock’n’roll. De la fuite d’Angleterre pour échapper aux taxes, jusqu’à ces longs mois passés sous le soleil du sud de la France, Stephen Kijak a filmé l’intégralité de l’aventure. Noir et blanc sur témoignages d’aujourd’hui, c’est un vrai retour sur un tournant dans la carrière de Jagger et ses potes. On n’échappe à rien, de la drogue aux femmes (même si tous étaient déjà confortablement en couple à l’époque) et familles, jusqu’à l’élaboration musicale, l’enregistrement dans la cave de leur maison, les doutes et les certitudes. Finalement on découvre une vraie odyssée des temps modernes, commençant par le rejet d’un pays (pour un temps) jusqu’au retour en grâce armé de leur nouvel album (passé par les Etats-Unis pour le vrai enregistrement). Appuyé par des images de Robert Frank, voici donc un témoignage grandeur nature, ressuscité plus de trente huit ans après, accompagnant la réédition en bonne et due forme de l’album lié.