Regarder l’actualité récente, sur un sujet peu évident (la crise économique) et en tirer un résumé cinglant, voilà la lourde tâche d’Adam McKay, comparse devant l’éternel de Will Ferrell (les ANCHORMAN notamment). Changeant pour le coup de registre, le réalisateur part à l’assaut du drame (à humour sombre) et s’efface derrière son sujet pour décrypter l’avant crise, ce moment où quelques témoins voient les signes apparaître. Et tenter de réagir.
Attention, film à casting. THE BIG SHORT est produit par l’un des comédiens, Brad Pitt, qui s’y réserve un petit rôle. Mais c’est surtout l’enchaînement Christian Bale, Ryan Gosling et Steve Carell qui est fatal. On oublie vite leurs perruques grotesques (le film se passe donc aux environs de 2005) pour se fondre dans le décor. Des analystes financiers découvrent la faille dans le système de prêts immobiliers américains, et hésitent entre prévenir tout le monde ou préparer leur enrichissement futur. Fascinant, et presque gênant, THE BIG SHORT n’a pas de héros. Tout le monde y est prêt à tout, l’éthique n’hésite pas.
Sous forme de pseudo documentaire, McKay s’emploie à démontrer que le capitalisme américain (et mondial) repose sur un ensemble de facteurs aussi fragiles que l’incompétence ou la fraude. Rien d’étonnant, rien d’original mais le constat est dramatique. Les lanceurs d’alerte sont noyés dans la masse, l’effondrement du système ne remet pas réellement en cause sa propre existence.
Film de forme plutôt que de fond, THE BIG SHORT n’évite pas l’écueil d’un vocabulaire un peu trop financier (mais illustre ses explications avec Margot Robbie ou Selena Gomez, le public appréciera), mais reste finalement assez sobre sur la question économique. On pense évidemment aux films sur le même sujet récemment sortis (99 HOMES, MARGIN CALL…), et on se dit que le cinéma américain a décidément un regard immédiat et cynique sur l’actualité. Et cela sans grands effets non plus, malgré la qualité des films.
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