Tree of life

L’attente autour du Tree of Life de Terence Malick était aussi importante que celle de son retour au cinéma après vingt cinq ans de retraite. Vaste épopée biblique avec une cinématographie illuminée et une musique envoutante, le nouveau Malick ne laissera pas indifférent, que l’on aime ou pas.

La vie. La mort. La famille. L’humain. La nature. Dieu. Dans les années 50, comment un jeune garçon envisage la vie, entre une mère aimante et dévote, un père autoritaire et absent. Où s’arrête la réalité du quotidien, où débute l’état de grâce envisagé comme le chemin final vers Dieu? Où commence le don de vie, la création du grand tout? Comment relier l’évolution générale, des premiers atomes à l’avènement de l’humanité, jusqu’aux jeux d’une bande de gamins en plein Texas des années 50? Toutes ces questions, Terence Malick les met en lumière à travers deux heures vingt d’une mise en abîme extraordinaire d’un discours prophétique sur la magnificence du don de vie. Se permettant un clair découpage entre son discours et son histoire, nous voici devant un film dont l’introduction, majestueuse et imposante, nous emmène pendant une heure dans un retour en arrière sur la création de la vie, pour ensuite illustrer l’achèvement de ceci par un exemple parmi d’autres, celui de ce jeune garçon en pleine Amérique.

Malick sait faire des films mystères (voir des absences mystérieuses), des films à l’épaisseur mythologique sans pareil. Longtemps comparé à son aîné (ou pas) Kubrick, nous voici dès les premiers instants dans son 2001 à lui, entre les origines de la galaxie jusqu’au jeu de quartier à Austin, Texas. Des premiers mammifères aux chants d’églises catholiques des années 50. Du Paradis, en Enfer? Forcément indigeste, ponctué de voix offs d’un discours prophétique, Tree Of Life tente maladroitement de nous donner une vision d’un état supérieur à la vie, si tenté que l’on soit croyant. Malick signe ici un film ambitieux et immensément riche, tout comme l’était sa Ligne Rouge ou le Nouveau Monde. Forcément hermétique à une partie de son public, il précise ses pensées dans un domaine plus sensible, mixant religion et philosophie, société et famille. Toute la bonne volonté du monde ne suffirait pas à emporter l’adhésion complète de son public, malgré une lumière et une réalisation hors du commun, mais dans un montage découpant le film en trois parties. Hors du discours, qui laissera clairement de nombreux débats ouverts, on doit alors s’acclimater d’une première heure historico-géographique (citant ouvertement Yann Arthus Bertrand), puis d’une banale histoire de famille, pour terminer sur un dernier quart d’heure mystique, reprenant les premiers dialogues du film. Trois histoires, quasiment, pour une volonté d’englober de nombreuses choses dans un simple film.

Terence Malick ne s’est donc pas officiellement calmé, et signe un film à l’ambition démesurée, inespéré et attendu par tous. Des choses, il y en a beaucoup à dire sur cette fresque dantesque. Que l’on soit d’accord ou non, force est d’avouer le côté unique du long métrage, qui ne laissera personne totalement neutre. En mettant de côté la volonté de mettre en avant une certaine idée de la religion, toute personnelle, Tree Of Life est un film à la beauté plastique impeccable, et a de quoi alimenter les cours de cinéma pendant des décennies. Sur le fond, tout cela demande une deuxième vision, loin du chaos de son accession au monde.