White God

Présenté à Cannes et à l’Étrange Festival cette année, White God nous conte l’histoire de Lili, 13 ans, jeune adolescente gentiment rebelle, folle de son chien Hagen. Son père, divorcé, et devant s’occuper de sa fille le temps d’un week end, ne supporte pas Hagen. Il décide de l’abandonner en pleine rue, sur un coup de tête. Lili vit très mal cet abandon, et devient de plus en plus ingérable, autant auprès de son père, que pendant les sessions de répétition de son orchestre. De son côté, Hagen subit la maltraitance des hommes, et devient un féroce chien de combat.

Comment qualifier le long-métrage de Kornél Mundruczó (Pleasant days (2002) ; Delta (2009)) ? Film animalier à la Disney ? Chronique adolescente tire-larmes ? Film de gang (de chiens) ? Film de (chiens) zombies ?

Film hybride, qui hésite sans arrêt entre différentes directions, intéressantes, mais qui se répondent maladroitement. L’histoire de la jeune Lili, forte tête prête à faire quelques expériences illégales pour sortir de son morne quotidien, fait pâle figure face à la destinée de son chien.

En effet, ce qui intéresse dans White God, ce ne sont pas les cours de trompettes de Lili, mais bien toute la partie consacrée à Hagen, dans laquelle les images et les idées fortes se succèdent. Hagen se fait des amis dans un terrain vague (ça c’est pour Disney), Hagen échappe à la fourrière (en mode course-poursuite palpitante), Hagen est entraîné pour devenir un chien de combat… Ceci pour nous mener à une dernière demi-heure attendue, car survendue un peu partout, y compris sur l’affiche du film : La rébellion d’une meute de chiens, décidée à se venger de la cruauté des humains les ayant fait souffrir.

Évidemment, on pense à White Dog (Dressé pour tuer) de Samuel Fuller (auquel le titre ne fait pas référence selon le réalisateur, le « White God » en question étant le maître du chien, le dieu qui donne des ordres). On est donc bien loin de L’incroyable voyage où les gentils animaux qui parlent, tentent de retrouver leur chemin et leurs maîtres. Ici le maître doit mourir, et l’ambiance de furie qui se dégage du dernier tiers fait à la fois penser à un film de gang organisé, et à un bon vieux film de zombies où les chiens remplacent les morts-vivants.

Ce qui scotche dans White God, c’est l’utilisation de vrais chiens dressés. Pas d’imagerie numérique, ce qui renforce la véracité des images. Les combats de chiens sont brutaux et superbement montés. Les cavalcades de chiens sont à couper le souffle.

Le montage alterné entre l’histoire de Lili, et les aventures violentes de Hagen et son gang, fait du mal à l’histoire, et frise parfois le ridicule. En se concentrant uniquement sur le chien, et en effaçant toute trace de ses maîtres, le film aurait gagné en profondeur et en impact.

Une moitié de film réussie, une moitié ratée. Au final, on se rattrape à ce qu’on peut, notamment à un superbe dernier plan, qu’on imagine extrêmement difficile à mettre en place.

2.5 / 5
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