Ouvert 9 ans après Disneyland, le parc d’attractions Universal Studios possède depuis sa création un argument imparable face à bien d’autres lieux du même genre : il est au cœur de véritables studios de cinéma. Il n’en fallait pas plus pour donner une réputation en or à ce parc qui fait rêver plus d’un cinéphile à travers le monde, avec cette promesse de pouvoir approcher l’univers de films cultes comme jamais, en découvrant leurs secrets de fabrication. Et c’est à vrai dire tout ce qui fait la force et la faiblesse d’un parc pris au piège par son emplacement.
Premier arrêt : la visite des studios
L’attraction principale depuis le début, bien avant l’arrivée des autres, c’est la visite des studios, le « Studio Tour » dont s’est inspiré Mickey par la suite. Si vous avez déjà fait à Paris le Studio Tram Tour des Walt Disney Studios, c’est par exemple une pâle copie de celui d’Universal à Hollywood. Pendant près d’une heure, les visiteurs se baladent dans un bus à wagons entre les hangars à tournage gigantesques d’Universal, ou certains de leurs décors en extérieur comme la place principale du village de Retour vers le Futur ou le centre d’Amity Island dans les Dents de la Mer.
Des décors pourvus parfois d’animation (qui a dit qu’un requin rôdait dans les parages ?) mais qui sont toujours utilisés pour certains tournages de temps à autre. Dans un registre purement spectacle, cette visite passe par deux attractions 3D dans des hangars distincts : l’une vous projette sur la Skull Island du King Kong de Peter Jackson, où des dinosaures s’intéressent d’un peu trop près à votre tram, et la seconde bombarde les visiteurs au cœur d’une poursuite de Fast & Furious ! Cette dernière tourne au grand n’importe quoi avec des effets spéciaux digne d’une playstation, pour un résultat gonzo très proche de l’aspect bigger and louder de la franchise. Ça ne vole pas haut, mais c’est précisément ce qui est rigolo !
En revanche, la partie King Kong 3D est des plus réussies. Il faut dire que c’est Peter Jackson et ses équipes de chez Weta qui s’en sont chargées, et l’image est absolument bluffante de fluidité et de réalisme, avec une projection à 60 images par secondes tout autour du bus, tandis que le semblant d’interaction avec le public fonctionne complètement.
Assez ludique, prenant en compte une large partie de l’histoire du studio, puisque vous passez aussi bien devant le Bates Motel de Psychose que la Wisteria Lane de Desperate Housewives, cette visite remplie à merveille son rôle, où l’on sent bel et bien le bourdonnement perpétuel autour de nous (on aura passé les équipes de Modern Family ou The Good Place), les tournages ayant toujours lieu de part et d’autre de ce grand complexe qui oblige souvent le train à modifier son trajet suivant les journées. Et histoire d’en mettre plein les mirettes au public, on passe même sur des lieux à effets spéciaux mécaniques, comme un quai de métro souterrain victime d’un tremblement de terre des plus impressionnants…
Un parc à deux niveaux… et Harry Potter
Pour le reste, le parc possède des attractions beaucoup plus classiques dans leur déroulement, d’autant qu’on peut remarquer l’évolution des technologies utilisées au fur et à mesure.
A l’entrée du parc, Shrek 4D vous propose une simple séance de cinéma avec un court métrage Shrek en 3D relief, la projection étant ponctuée de quelques effets (un peu d’eau brumisée sur les spectateurs quand un personnage éternue, le sol qui tremble quand des araignées sont censées infester les lieux…). Un dispositif qui peine à convaincre face aux avancées technologiques employées dans les cinémas du monde entier, une séance en « 4DX » offrant aujourd’hui rigoureusement la même chose sur la durée d’un long-métrage.
Histoire de gonfler un peu l’immersion, le parc s’est dit par la suite qu’il fallait donc encore plus plonger les visiteurs dans l’histoire. Pour se faire, les attractions des Simpsons ou des Minions de Moi, Moche et Méchant sont ni plus ni moins des salles du Futuroscope, où l’on est face à un écran gigantesque avec des sièges de simulateur pour assister à un « ride » en plan séquence dans l’univers de chaque franchise. C’est drôle la première fois, mais l’effet s’estompe vite tant l’aspect « séance » gonflée est palpable.
Une version beaucoup plus évoluée est enfin employée dans les deux derniers bijoux du parc : Transformers The Ride et Harry Potter The Forbidden Journey. Ici, votre « nacelle » se déplace entre des écrans 3D et des décors en dur pour mélanger le meilleur des deux mondes. L’attraction basée sur le monde des sorciers imaginé par J.K Rowling consiste donc en une rangée de 4 sièges situé sur un bras mécanique qui cherche à donner l’impression de flotter avec un balai volant, l’attraction étant censé vous placer auprès d’Harry Potter durant un match de Quidditch. Malheureusement, les énormes écrans restent en 2D, ce qui casse un peu l’illusion, et l’attraction ressemble plus à un gros train fantôme qu’à une plongée dans le monde magique de Potter. Un tiers de l’attraction nous embarque dans la forêt interdite pour confronter le public aux araignées géantes menées par Aragog, un autre tiers vous met face aux menaçants détraqueurs qui tentent d’aspirer votre âme !
C’est impressionnant, mais assez redondant, et les animatroniques sont trop visibles pour totalement immerger, sans parler de l’aspect bien trop sombre d’une attraction qui risque de déplaire à un jeune public pourtant friand de la franchise.
Dans un genre plus musclé, l’attraction inspirée des robots géants de Michael Bay s’avère être une surprise ébouriffante. Vous êtes dans un véhicule sur roues qui se déplacent dans des décors réels dans lesquels sont projetées des images 3D, les visiteurs ayant une paire de lunettes pour le relief.
Un dispositif qui se rapproche de celui de Ratatouille à Disneyland Paris, sauf qu’ici la réalisation de l’ensemble est d’une précision chirurgicale. Les décors de ville en ruine cachent toujours les contours des écrans pour mieux mettre en avant ce qui s’y passe, le véhicule qui simule des effets de chute et de vitesse est d’une vélocité imparable, et on a pas le temps de dire ouf devant une bataille colossale qui, à l’inverse des films, s’avère suffisamment éloignée des célèbres Autobots et Decepticons pour qu’on puisse profiter de leurs combats ici parfaitement lisibles. Ça va vite, on en prend plein la tronche, les quelques effets physiques dans l’attraction sont en adéquation parfaitement avec ce qui se passe sur les écrans, et lorsqu’on se retrouve face à une toile gigantesque pour voir un Optimus Prime à échelle réelle se pencher vers nous, le résultat est vertigineux, y compris pour les plus réticents à la franchise. D’ailleurs, on se demande si il ne fallait pas juste en faire une attraction, mais passons !
La partie coulisses du parc passe par un spectacle sur les effets spéciaux somme toute assez modeste, où les animateurs mettent en scène un faux combat avec des cascadeurs ou montre comment un faux couteau avec une pochette de sang donne l’impression de couper une main.
Rien qui ne fera rêver les cinéphiles outre mesure, leur nostalgie s’alarmant à coup sûr devant l’attraction Jurassic Park, la plus vieille du parc avec le Studio Tour, et on comprend qu’elle ait résisté au temps. Vous voilà dans un bateau pour une visite du célèbre parc jurassique, entouré d’animatroniques de dinosaures dont l’aspect bien physique fonctionne encore du tonnerre.
Surtout quand la visite dérape et que vous manquez de vous faire bouffer par un T-Rex sortant d’une chute d’eau… Certes, l’âge de l’attraction se sent pas mal, entre une animation des dinos un peu rugueuse, certaines parties de peau arraché et un manège qui globalement mériterait un petit coup de propre et de rénovation, certains effets ne fonctionnant plus. Pour le reste, entre la musique, la mise en scène de l’ensemble et le crescendo dans le dérapage incontrôlé, le plaisir reste là, et Universal ne manque pas de proposer des jouets Jurassic World à la sortie pour satisfaire les bambins. Contrairement au navet de Colin Trevorrow, ils ont bien eu peur dans l’attraction, et c’est tout naturel puisqu’elle fût supervisée par Steven Spielberg lors de sa conception !
Dans les autres festivités proposées ici, vous pourrez voir un spectacle de cascades dans l’univers de Waterworld, qui a lui aussi résisté au temps grâce à sa surenchère, tout comme une « petite » montagne russe en intérieur basé sur Le Retour de la Momie, qui vaut le détour pour certains passages avec des animatroniques de squelettes essayant d’attraper les passagers au vol, et une décoration globalement très réussie. Dans un registre plus adulte, les plus courageux peuvent se balader au cœur de The Walking Dead, où des animatroniques sont aidés par de vrais acteurs maquillés pour foutre la trouille aux passants dans une promenade sombre renouant avec les scènes les plus macabres de la série.
Bilan
Globalement, le parc Universal Studios d’Hollywood propose une visite des plus agréables car on peut le faire en une journée sans problème, sans rien rater et en profitant pleinement des nombreuses boutiques, y compris dans la sublime partie Harry Potter qui reconstitue le village de Prêt au Lard, avec moult magasins proposant Bière au beurre, robes de sorciers et autres baguettes. Une partie du parc reconstitue des rues parisiennes ou d’Hollywood, la thématisation est dans l’ensemble soignée avec pas mal de détails, mais on ne cache pas qu’on aurait aimé retourner un peu plus dans les grandes licences d’Universal. En effet, le parc est construit sur une colline au-dessus des studios, et cette localisation le freine depuis ses débuts pour une quelconque expansion.
Du coup, les attractions Retour vers le Futur, E.T ou encore Terminator 2 ont dû fermer pour laisser place aux licences modernes moins iconiques, et comme la plupart des attractions reposent sur des écrans, elles risquent de mal vieillir, si ce n’est pas leurs marques qui passent de mode avant.
Pour ceux qui en voudraient plus, il faudra se diriger au parc d’Orlando en Floride, bien plus grand et construisant chaque nouvelle attraction en supplément, plutôt que d’enlever les précédentes. Cela étant, ce sera au détriment d’une vraie visite de studios où bien des classiques ont étés tournés, et on ne cache pas que cette partie-là est un bonus non négligeable qui justifie à lui seul le détour.
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