
Babbler. Un nom court, rond, convivial, léger. Ici, « Babbler réinvente les RP » (relations presse). Là, « Babbler lève 2 millions d’euros pour booster son réseau social de relations presse aux États-Unis ». Babbler, fondé en 2012 par Sarah Azan et Hannah Oiknine, a la côte. Plongeons dans le fonctionnement de cette startup prometteuse à qui nous avons ouvert notre boîte mail.
Un concept intéressant, du moins sur le papier
La promesse originelle de Babbler avait de quoi séduire. Pour faire simple : la plateforme entend réconcilier les journalistes avec les attachés de presse, en favorisant des échanges plus rapides et en luttant contre la sursollicitation (les boîtes mails saturées, les sujets non-pertinents, etc.). C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous nous étions inscrits pour tester : mieux qu’une newsroom, plus rapide que les emails. Ce dernier point, avec le recul, fait sourire. Nous allons y revenir très vite…
Babbler : un festival d’emails non-sollicités
Effectivement, dès notre inscription, les emails ont commencé à arriver. Mais sur tous les sujets, et totalement impersonnels. On a bien voulu revenir paramétrer notre compte en choisissant uniquement des thématiques ou des marques pertinentes avec notre ligne éditoriale (pourtant large), mais le volume n’a pas tellement baissé. Pire : nous avons commencé à recevoir des emails de la part de Babbler directement au profit de marques qui ne nous intéressaient absolument pas. Des sortes de communiqués sponsorisés donc, et plus du tout affinitaires, que la plateforme doit vendre à ses clients en jouant sur le volume de destinataires. Mais dans notre langage courant, on appelle cela du spam. Ce n’est pas très grave, au départ. Le spam, cela se combat. D’abord par la politesse, avec l’utilisation du bouton « se désinscrire » (unsubscribe) ; parfois par la force, avec l’emploi d’un service de désinscription qui gère cela pour vous (par exemple loveyouremails) ou plus radicalement, par les filtres de sa messagerie. C’est très rare, mais dans le cas de Babbler, après avoir conclu que le service ne correspondait pas à nos attentes en raison d’un manque de pertinence (cela arrive) il ne restait plus que cela. Et ce fut le début de l’aventure.
Historique
Lorsque l’on clique sur un lien « se désabonner » au bas d’un email, on s’attend à éprouver un petit soulagement. Alors tout naturellement, après un dernier email concernant PagesJaunes ou LeBonCoin, on s’apprête à dire adieu à Babbler. C’est l’étape 1. Puis le doute survient : adieu ou simplement au revoir ? S’est-on désabonné du service en entier, ou seulement de la marque ?
La réponse ne tarde pas à survenir : les emails en provenance de Babbler continuent d’arriver. D’abord, on se dit OK, il faudra se désabonner de chaque marque. Et comme la patience commence à manquer, on finit par se décider en prenant quelques minutes pour supprimer son compte. Voilà qui est fait. C’est l’étape 2.
Sauf que, tout n’est apparemment pas si simple : désabonnement, suppression de compte… et les emails continuent d’arriver. Là on se dit que clairement il se passe quelque chose de pas net. Mais comme on est prudent, on vérifie d’abord que l’erreur ne vient pas de nous, par exemple une suppression non prise en compte ou quelque chose du genre. Mais non :

Du coup, une conclusion s’impose : on s’est désabonné, on a supprimé notre compte, et on reçoit encore des emails. L’étape 3, c’est la croisée des chemins, le moment du choix. Soit on essaie de régler cela en privé, tranquille, sans faire de vague. Soit on va crier publiquement son énervement. Et bien figurez-vous, de manière assez surprenante, que l’on va choisir la voie du calme et de la bienveillance (et de l’amiable), en décidant de répondre directement à Alexandra, la gentille personne de chez Babbler qui envoie les emails (et dont l’adresse est tout ce qu’il y a de plus direct, pensez donc : [email protected]).

Que croyez-vous qu’il arriva ? Malheureusement vous vous en doutez : rien. Pas de réponse. C’est l’étape 4 : on ne va quand même pas crier sur Twitter (même si l’envie se fait vraiment sentir), on va regarder si d’autres l’ont fait. Et là : surprise !
On est même tombé sur d’autres trucs un peu inquiétants comme des mots de passe de comptes qui circulaient sans cryptage apparemment :
Mais bon, on se doute que la confidentialité est une priorité réglée depuis cette histoire.
L’affaire Alexandra Mercier
Du coup, on a quand même voulu en savoir plus sur la personne qui continuait (continue ? on ne sait plus trop, notre filtre supprime automatiquement ses emails et les signale comme spam) à nous envoyer des communiqués malgré notre suppression de compte et notre demande de prise en considération de cette suppression. Il s’agit d’Alexandra Mercier. Qui est-elle ? Quel est son réseau ?

Ainsi, on a dégainé Google, et on a cherché. Verdict : aucun résultat avec « Alexandra Mercier +Babbler ». Mince, la déception. Voilà un potentiel contact LinkedIn en moins. Et dans un secteur professionnel dominé par le numérique et les réseaux sociaux on a tout de même du mal à y croire. Trois conclusions sont alors possibles :
- soit la personne est une obsessionnelle de la vie privée et décide de s’abstenir des plateformes utiles à un usage professionnel des RP (LinkedIn ? Twitter ? Vraiment pas ?)
- soit elle a honte d’être liée à Babbler (no comment)
- soit cette personne n’existe tout simplement pas. Un sérieux revers dans un métier un minimum basé sur les relations humaines… les professionnels des relations presse ayant plutôt tendance à expliquer que leur métier se construit sur la connaissance de leurs contacts et l’échange personnalisé. Pas tellement le cas de notre Alexandra.
Et c’est donc avec un peu de déception que nous en arrivons à l’étape 5, ultime action dans le dossier Babbler : cet article. Un partage d’expérience du service qui servira peut-être à d’autres. Et peut-être aussi à Babbler finalement, avec un rappel tout simple : quand on dit non, c’est non.
Droit de réponse de Babbler
« L’article reproche à Babbler plusieurs choses qui ne sont plus d’actualité aujourd’hui.
L’article reproche à Babbler de spammer ses utilisateurs et de ne pas leur permettre de se désabonner. Tous nos emails contiennent des liens de désinscription. Nous garantissons que si un utilisateur se désabonne, il ne recevra plus d’email de notre part.
L’article reproche également à Babbler un manque de sécurité des comptes. L’article explique que les mots de passe de nos utilisateurs tournent sans cryptage. Cette erreur de notre part a été corrigé dans les heures qui ont suivi la publication de l’article il y a plus d’un an. Tous les mots de passe de nos utilisateurs sont cryptés pour garantir la meilleure sécurité. »
Ultime mise à jour de l’article : Babbler n’existe plus.