A l’heure d’écrire ces lignes, Emma Leprince, star fictive de l’un des trois spots de la campagne de communication d’Hadopi et de son label « Pur », devance déjà largement ses deux petits copains Nathan Molina et Kélian Gomez en terme de nombre de vues et de commentaires des internautes. Il faut dire que le spot a mis le paquet pour s’attirer des réactions.
Décryptage
Version courte : si nous arrivons à tuer l’industrie musicale assez tôt (dès maintenant) nous réussirons peut-être à éviter que cette horrible soupe pop ne sorte achever nos oreilles en 2022.
Version longue : qu’est-il passé par la tête de l’agence et de l’annonceur pour tenter de promouvoir Hadopi en vantant le degré zéro de la créativité musicale ? Nous avons là un single grossier, qui se veut caricatural alors qu’au contraire il touche en plein coeur les dérives marketing de l’industrie : morceau bidouillé sur ordinateur en mode automatique, et « artiste » édulcorée en mode sexy pour faire baver le macho et même prendre le risque de faire fantasmer le pervers. Il suffit de regarder les deux commentaires les plus populaires sur Youtube à propos de cette vidéo pour comprendre :
Si à cause du téléchargement Emma Leprince échoue dans la musique et se met à faire du porno on aura tout gagné !
Hadopi transforme vos petites filles en prostituée franco-slovène. Adoptez le label pute.
Au passage, la Slovénie doit effectivement apprécier de se retrouver dans la campagne sans n’avoir rien demandé. Bien sûr on répondra qu’il ne s’agit que d’humour, tout comme les références lolesques « Voltaire, Zola et DJ Fritas » qui soulignent l’éclectisme du système éducatif qu’aura reçu Emma Leprince durant sa scolarité façonnée par un hypothétique tandem gagnant « Frédéric Lefebvre – Pascal Nègre ».
On a donc surtout envie qu’Emma ne grandisse pas, que son innocence reste intacte et qu’elle ne soit pas pervertie par la lente banalisation du soft-porn et de la sous-culture comme des symboles de réussite. Bref, qu’elle reste « pure ». Mais est-ce vraiment là le message de la campagne de communication d’Hadopi ? On peut en douter.