C’est à un charisme musical percutant que l’on se confronte à l’écoute — la découverte même — d’Anna Calvi avec ce premier album éponyme. Voix puissante, sonorités profondes, morceaux qui n’hésitent pas à jouer de la rupture pour dérouter son monde : Anna Calvi n’usurpe décidément pas la réputation enthousiaste acquise rapidement et qui souvent nous laisse dubitatifs.
Anna Calvi, l’album, est une démonstration de folk-rock à la sauce « female vocalist » dans ce qu’il a de plus noble. Le rapprochement avec PJ Harvey lu et entendu ci et là n’est pas erroné, même si certaines comparaisons avec des artistes masculins semblent encore plus pertinentes, voire flatteuses (Jeff Buckley ? peut-être oui).
Sur les dix titres de l’album, qui totalise presque 40 minutes (contenance assez classique), le frisson est souvent au rendez-vous et la claque apparaît dès le redoutable instrumental — et western — Rider To The Sea qui en fait l’ouverture. L’impression de tenir entre ses mains un disque qui va marquer son année est ensuite renforcée lorsque l’on fait connaissance avec la voix de l’artiste. Les pistes remarquables se succèdent au rythme du tracklisting : No More Words, Desire, First We Kiss… jusqu’à ce brillant The Devil, titre majeur (déjà utilisé par PJ Harvey justement, sur White Chalk), envoûtant, avec une montée qui nous soulève. A tel point qu’il est difficile d’enchaîner par la suite (le titre d’après, Blackout, en fait un peu les frais).
Difficile de ne pas voir en Anna Calvi une envoyée descendue directement du royaume de l’inspiration pour insuffler une nouvelle dose de talent dans un genre musical qui commençait à manquer de portes-drapeau. On quitte son premier album sur le final épique de Love Won’t Be Leaving et la certitude d’avoir écouté quelque chose de très bon. Fier, arrogant, sûr de sa valeur.
4.5 / 5