Le nom de Jake Bugg ne vous est sans doute pas inconnu. Pourtant c’est bien son premier album, éponyme, qui sort en France en janvier 2013, plusieurs mois après tout le monde. Pourtant (bis), le jeune homme a bel et bien 18 ans. Pourtant (ter), ne pas avoir entendu parler de lui, ne pas l’avoir entendu tout court, relève de l’exploit.
Exploit. C’est le mot retenu pour qualifier ce Jake Bugg, premier album à la maturité déroutante, où l’âge de l’artiste est indécelable si ce n’est dans quelques aigus résidants encore dans sa voix. Pour le reste, c’est comme si l’on avait envoyé Noel Gallagher dans une machine à remonter le temps. Et encore, Bugg semble garder une longueur d’avance. Dans les compositions, les ruptures, les rythmes, les mélodies, tout transpire l’expérience d’un folk-rock éprouvé. Comment un gamin de 18 ans peut-il « pondre » une ballade comme Simple As This qui résonne comme la complainte d’un vieux rockeur retiré dans l’ouest américain ? Dommage que l’effet retombe un peu sur Country Song et Broken qui lui succèdent, mais tout de même : on vient d’atteindre la moitié de l’album que l’on a déjà le nom, le style et les chansons ancrées en tête.
On repart de plus belle avec la seconde moitié. La traversée de l’Atlantique est confirmée, on est plus dans des contrées western que dans la banlieue de Londres. On ne lui en voudra pas trop d’avoir radicalement baissé de rythme, tant « l’exploit » est beau et la claque est grande. L’étincelle Jake Bugg est désormais une jolie flamme qui ne semble pas prête de s’éteindre.
4.5 / 5