Qu’il est passionnant ce Conor O’Brien. Avec {Awayland} il rebat les cartes, brouille les pistes. Moins accessible que Becoming A Jackal, l’acclamé premier album de Villagers, ce deuxième opus s’ouvre le champ des possibles et ne manque pas de susciter la réflexion.
Cela commence dès My Lighthouse ; quelque chose de calme, posé, qui ne dénote pas forcément avec le style du groupe mais lorgne vers une atmosphère qui rappelle Sparklehorse et le regretté Mark Linkous. Et tandis qu’Earthly Pleasure enchaîne et confirme la mue de Villagers, on comprend que le groupe est monté d’un cran : plus audacieux, risqué donc, déroutant mais séduisant.
Ceux qui ont suivi l’actualité de la formation irlandaise avant la sortie de l’album le savent : le titre The Waves a été lâché dans la nature et en laissé plus d’un sur le bord de la route. Plus expérimental, saccadé et — disons-le franchement — assez moyen. De quoi refroidir les ardeurs des fans de la première heure. Mais ils avaient été rapidement rassurés : The Waves est effectivement la piste la plus décalée de l’album. Et il ne faut pas attendre longtemps pour ravoir tout le talent de Villagers dans les oreilles, avec Judgement Call mais surtout Nothing Arrived, véritable démonstration de single grand public en puissance. Rajoutez à cela la richesse de The Bell qui lui succède, et vous avez le grand moment de l’album.
La suite, après ce passage, c’est gagné d’avance. Chaque morceau semble ciselé pour prendre les contours de la nouvelle dimension du groupe. La voix de Conor est le phare dans toutes les aventures musicales de Villagers, jusqu’à ce nouveau temps fort que constitue Grateful Song.
Pas de doute : {Awayland}, c’est de la beauté en musique. Et un groupe qui façonne son nom et son image comme il l’entend, nous faisant la joie d’ouvrir et de partager son univers folk.
4.5 / 5