Lors de la rentrée des séries 2007-2008 il n’y aura pas eu beaucoup de surprises, mais l’atypique Californication a su tirer rapidement son épingle du jeu. Bénéficiant de l’appui de la chaîne câblée américaine Showtime, elle a offert aux spectateurs la petite secousse télévisuelle qui leur manquait. Ou comment faire d’une série pas si audacieuse que cela, un succès…
Par certains côtés, Californication est même carrément frileuse (pour ne pas dire frigide) : la première saison est constituée de 12 épisodes de 28 minutes chaque environ; prise de risque minimale pour son lancement. D’autre part Showtime a largement fait sa promotion autour de la petite sensation que constituait le retour sur les écrans de David Duchovny dans le rôle principal de la série, Hank Moody. Et pour Duchovny, plus qu’un retour, c’est une véritable résurrection car il colle parfaitement au rôle de cet écrivain blasé, pathétique, désabusé, amateur de sexe et de drogues, et possédant malgré tout un bon fond. Après Fox Mulder dans X-Files, voici donc un nouveau rôle extrèmement charismatique pour un acteur qui n’a pas souvent fait de bons choix dans sa carrière. Comme Hank Moody finalement, écrivain trentenaire porté par le succès d’un seul roman, mal adapté au cinéma, et qui a perdu l’inspiration depuis que sa copine Karen (et mère de leur fille de 12 ans, Becca) l’a quitté. Hank erre dans Los Angeles en butinant les femmes, mais l’une de ses conquêtes d’un soir va se révéler plus déconcertante que les autres : sans le savoir, Hank couche avec Mia, la fille du nouvel ami de Karen, Bill. Et Mia n’a que 16 ans… La reconquête de Karen par Hank s’annonce difficile.
Voici donc comme on nous vend Californication : surtout avec des images et des dialogues crus, mais surtout pas avec un scenario. Et durant la grande majorité de la saison, celui-ci n’avance pas beaucoup, contrairement aux scènes de sexe qui s’égrainent gentiment au fil des épisodes. Le public de la série n’est-il donc qu’un ramassis de pervers (masculins) sans goût scénaristique ? Heureusement non (heureusement pour moi, d’ailleurs), car Californication va parfaitement se réveiller pour son dénouement, et offrir une fin de saison excellente pour ses deux derniers épisodes, qui d’ailleurs ne comportent aucune scène de sexe. CQFD. Bon, il y a une minuscule exception dans l’ultime épisode, mais rien de comparable à ce qui se voyait auparavant dans la série.
Le scenario se développe donc un peu tardivement, jusqu’à nous offrir une scène finale qui suscite quelques interrogations sur son utilité. Fin de saison ou fin de série carrément? L’histoire aurait bel et bien pu s’arrêter après douze épisodes, mais Californication a été reconduite pour une saison 2 qui devrait resservir le couvert avec les mêmes ingrédients. A moins que les producteurs ne décident de rester dans la lignée des derniers épisodes et de nous offrir une histoire plus étoffée (il y a du potentiel) et un peu moins de parties de jambes en l’air, au risque certes de perdre une partie du public, mais peut-être aussi d’en gagner, un peu plus féminin, un peu plus large, un peu plus intéressant.
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