Annoncée comme l’avant-dernière saison de la série, cette sixième fournée d’épisodes se devait de continuer à honorer la réputation de ce fleuron télévisuel qu’est MAD MEN. Une plongée cynique et sociale dans l’Amérique des années 60 vue du haut des grattes-ciel de Manhattan, New York. Une décennie de choc des générations, de guerre et de traumatismes pour les USA, où pourtant tout est toujours possible. Coincés dans leurs costumes-cravates de façade, leur alcoolisme quotidien et leur vision du monde, nos publicitaires favoris reviennent pour une nouvelle année éprouvante. Mais diablement excitante pour les passionnés.
Comme toute grande série, MAD MEN se distinguera dans son final. Son créateur Matthew Weiner commence tout juste à dérouler l’histoire qu’il aura mis du temps à tisser. En cette année 1968, haute en faits historiques (Vietnam, assassinat de Bob Kennedy et Martin Luther King) et en libération des mœurs, Don et son équipe sont pourtant dans une bonne direction. Et forcément, quand tout va, tout peut se perdre. En réalité pour Don, ça n’est plus le temps des espoirs. Depuis le début, nous l’avons vu faire des choix, penser se réinventer, et puis finalement se rendre compte qu’il n’est pas toujours de bon conseil. Surtout vis-à-vis de lui même. Depuis la cinquième saison, il est simplement perdu. Et l’effervescence qui règne côté professionnel ne lui permet plus de distinguer les points positifs de sa vie personnelle.
MAD MEN se dirige lentement vers son dernier acte, celui où Don trouvera ce qu’il recherche. En attendant cette saison 6 marque la fin de son chemin de croix. Le golden boy est depuis longtemps tombé, le père de famille abandonné et ses visages multiples se confondent. Dans tout ça, la vie continue et l’agence surtout subit de multiples changements, y compris pendant la saison, qui en font un véritable vivier de ces années un peu folles et très colorés. Dorénavant chaque personnage a sa propre vie, les tensions s’installent et les postes sont convoités. L’insouciance a laissé place au professionnel, même si les années 60 permettent de laisser quelques libertés… A force de connaitre l’écriture si précise de la série, chaque geste, chaque mot est empli d’un désespoir sidérant (surtout avec l’explosion du malaise lié au Vietnam). La fin de saison nous laisse sur les marches d’un avenir totalement obscur, mais ouvert à tous les possibles.
Avec un intérêt en dents de scie, où néanmoins les coups d’éclats (comme à son habitude la série conserve au cœur de quelques épisodes charnières de véritables coups de théâtre) prennent le dessus, MAD MEN regroupe ses efforts en fin d’année pour mieux nous lancer sur la suite. Et si Weiner parvient à clôturer sa série sans nous tromper, il aura signé là, à coup sûr, l’une des plus belles pages de la télévision moderne.
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