Pour la première fois de son histoire, la Coupe du monde de football féminin va se dérouler en France et l’événement s’annonce d’envergure. Pendant un mois, du 7 juin au 7 juillet, les 24 équipes qualifiées vont s’affronter, d’abord en poules puis lors de la phase à élimination directe, afin d’accéder au titre si convoité. Retour sur l’essor du football féminin, en France et à l’international.
Il faut remonter à 1917 pour trouver trace du premier match de football féminin en France. Opposant deux équipes d’un même club, le Femina Sport, cette rencontre est cependant relativement tardive : le premier match de l’histoire oppose en 1881 la sélection écossaise et sa rivale anglaise. Loin de connaître un grand succès, cette rencontre déclenche de nombreuses protestations à l’encontre des matchs féminins.
Cela n’arrête toutefois pas leur banalisation et à partir de 1921 se déroule en France un championnat de football féminin, qui s’interrompt cependant brutalement en 1937 : on jugeait à l’époque que le football n’était pas un sport pour les femmes et que de telles rencontres ralentissaient même le développement du sport féminin.
À partir des années 1960, le football féminin redevient un thème d’actualité en France. Défendu et soutenu par de nombreuses femmes, un championnat est officiellement mis en place en 1970. Le nombre de licenciées augmente progressivement : n’en comptant que 2 170 en 1970, la Fédération Française dépasse les 20 000 en 1995.
Cette évolution va se ressentir au niveau international. La Coupe du monde était organisée depuis 1991 et le Championnat d’Europe depuis 1984, et c’est au cours de cette compétition que la France accède en 1997 à la première phase finale de son histoire, emmenée par des joueuses comme Marinette Pichon ou Corinne Diacre (l’actuelle sélectionneuse de l’équipe de France). Bien qu’éliminées au premier tour, leur performance reste un événement historique, comme leur accession à la phase finale de la Coupe du monde en 2003, où elles seront éliminées au premier tour par les États-Unis, nation majeure du football féminin international.
Depuis 1997 et sous l’impulsion du Directeur Technique National de l’époque, Aimé Jacquet, le football féminin français va se développer, notamment grâce à l’ouverture en 1998 du CNFE, le Centre National de Formation et d’Entraînement de Clairefontaine, équivalent féminin de l’INF, l’Institut National du Football. Cela finit par porter ses fruits : en 2003, la France remporte le Championnat d’Europe des moins de 19 ans. Cet essor se confirme avec son accession aux demi-finales de la Coupe du monde en 2011, compétition où les Françaises terminent à la 4ème place. Cette performance va permettre au football féminin français de bénéficier d’une couverture médiatique nouvelle et d’un engouement sans précédent. Le nombre de licenciées atteint un niveau historique puisqu’on en compte aujourd’hui plus de 165 000.
L’organisation de la prochaine Coupe du monde devrait sûrement jouer un rôle dans cette expansion. Attribuée à la France en 2015, elle va encore un peu plus attirer la lumière sur le football féminin et permettre plus généralement le développement du sport féminin.
La France fait partie des favorites
4e au classement FIFA et soutenues par leur public, les Françaises ont des ambitions élevées pour cette compétition. Leur poule semble à leur portée : elles devront affronter la Corée du Sud, la Norvège et le Nigeria, des nations loin d’être de simples figurantes mais dont le niveau devrait être accessible pour l’équipe de France, menée par des joueuses phares, telles Wendy Renard ou Eugénie Le Sommer, qui comptent à elles deux plus de 250 sélections.
La Coupe du monde ne sera pas organisée en un lieu unique : les rencontres se dérouleront en effet dans neuf villes différentes, entre autres Paris, Le Havre, Grenoble ou Lyon. La moitié des billets a déjà été écoulée, avec des tarifs abordables : en phase de poules, il est possible de trouver des billets pour 9 € et environ 15 € en phase finale, selon les matchs.
C’est donc du 7 juin au 7 juillet qu’aura lieu cet événement international en France. Durant un mois, les équipes vont en découdre pour décrocher le titre mythique de championne du monde. Qui sait, pourrait-on espérer un deuxième titre de championne du monde pour l’Équipe de France ? Rien n’est joué, mais l’idée d’imiter leurs collègues masculins trotte certainement dans l’esprit des joueuses françaises… Et cela serait un formidable coup de projecteur sur le football féminin français.