Film choc. CARTEL LAND plonge dans les guerres menées par des milices privées au Mexique, entre la révolte des habitants au Michoacán (province du sud) face aux trafiquants de drogue, et les patrouilles de mercenaires américains amateurs à la frontière au sud de Tucson.
Filmé au plus près (on se demande si le réalisateur est fou ou non), c’est un véritable uppercut qu’on ressent à la sortie de CARTEL LAND. Sans refaire le portrait de la peur des cartels, c’est directement la contre-réaction des habitants, réunis en milice, qui intéresse Matthew Heineman. De la volonté de combattre le mal par le mal, le réalisateur américain parvient à dresser le portrait de ces gens prêts à lutter, armés, contre leurs oppresseurs. Il est sidérant d’y voir l’incompétence du pouvoir en place face au réseau des cartels, mais également l’impossibilité pour un mouvement citoyen (pour les Autodefensas) de vraiment dépasser le stade de réaction.
Car c’est finalement le bilan final du film : quoiqu’il se passe, les cartels ont la main sur tout. Les Autodefensas ne sont pas exempts de défauts, et sont gangrénés de l’intérieur. Leurs leaders, initialement présentés comme des sauveurs, ne sont pas non plus parfaits, loin de là. Côté frontière américaine, la volonté de pseudo-militaires à lutter contre les cohortes d’immigrés n’est pas dénué de discours troubles, plutôt portés vers la défense de « races » ou de valeurs de leur pays. Tableau triste d’une région du monde ultra-violente (à voir bientôt sur le même sujet SICARIO), d’une guerre passée sous silence, pour un documentaire en apnée dangereuse au milieu des combattants.
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