Cheval de guerre

Steven Spielberg n’a plus à prouver, et depuis longtemps. Il a même le don de pouvoir s’emparer de n’importe quel sujet, et de nous émerveiller, nous toucher, à chaque fois. Son CHEVAL DE GUERRE n’est pas son meilleur film, mais là aussi on assiste impuissant à sa grande maîtrise de l’art cinématographique. Dommage que ce soit aussi long et Disney ; cinéaste la plupart du temps grand public, ce cher Steven peut toutefois varier les styles, et livre ici un drame tout à fait familial, bons sentiments et belles images à l’appui.

CHEVAL DE GUERRE nous narre la vibrante histoire d’un jeune anglais et de son cheval, se retrouvant séparé par une Première Guerre Mondiale dévastatrice. Les deux vivent de nombreuses aventures autour des tranchées, tout ceci ayant évidemment une fin convenue et sympathique, pour ne pas effrayer trop. Pour autant, Spielberg aborde ce conflit sans ambiguïté, et ne s’épargne rien de la réalité de cette époque. Il évite de montrer ce qui est inutile à l’histoire, mais on devine aisément les atrocités des combats derrière les opaques nuages de fumée et de gaz. CHEVAL DE GUERRE est donc un regard percutant sur ce moment d’histoire, dans la campagne française où alliés et allemands se disputaient la victoire finale (même si ici, tout le monde parle anglais – petit défaut à l’heure d’aujourd’hui, mais vraie décision vers le grand public). L’occasion aussi de croiser quelques acteurs français, Niels Arestrup en tête..

Spielberg fait bien, mais fait long. 2h30 de film plus tard, on se dit que l’amoncellement de bons sentiments et d’héroïsme larmoyant, c’est joli mais un peu trop. CHEVAL DE GUERRE aurait sans doute mérité un prompt raccourcissement pour gagner en rythme, même si la qualité est présente à chaque plan du film voulu par le cinéaste. On confirmera que les acteurs français, mis au rythme d’un tournage américain, peinent à sortir du lot. A l’aide de quelques guests principalement anglais (et qui ont la côte ; le nouveau Sherlock, le grand méchant de The Avengers…), Steven respecte l’histoire et reste imperturbable à adapter cette pièce de théâtre. Intégrité totale pour le cinéaste le plus libre du moment, virevoltant de style en époque, et qui nous reviendra bientôt avec un film sur Lincoln, et la suite de Tintin (produit et/ou réalisé..).