Alexandre Aja a réussi son pari : en 2006, il est encore possible de faire un film de survival-horror qui atteint son but, obtenir des grimaces sur le visage des spectateurs. Ce qui est amusant, c’est qu’en période de fête du cinéma, énormément de gens voulant profiter au maximum de leur passeport et le rentabiliser auront été voir le film alors qu’ils n’y étaient pas destinés. Cela donnera ainsi des critiques totalement stupides faites par des personnes qui n’ont pas compris qu’il ne sert à rien d’aller voir un film gore si l’on aime pas le sang, la violence et l’exposition de chair humaine au grand jour.
Passée cette remarque sur l’absence totale de discernement de certains cinéphiles qui polluent ensuite les sites de cinéma de leurs avis non-pertinents, concentrons-nous sur le film, entre nous, amateurs de sensations fortes ou simples spectateurs curieux d’élargir leur champ de vision. Car un petit film gore de temps en temps, ça n’est pas déplaisant surtout quand il est bien fait. A ce titre, on ne recherchera donc pas un scenario épais comme un dictionnaire, mais plutôt une histoire de départ intéressante : celles d’essais nucléaires effectués dans le désert du Nouveau-Mexique alors que des mineurs ont refusé de quitter la zone. Cela donne, des dizaines d’années plus tard, un village que l’on a complètement oublié tandis que de mystérieuses disparitions de personnes ont lieu dans la région désertique. Vous l’aurez compris, nos anciens mineurs sont devenus complètement déformés par les explosions radioactives, fortement décérébrés également, et « s’amusent » (entre viols et cannibalismes, tout est relatif) avec ceux qui ont le malheur de s’aventurer sur un soi-disant raccourci à travers le désert. Et c’est ce qui arrive à une famille en route pour la Californie (six personnes de tous âges, et en bonus : un bébé et deux chiens).
Dans ce remake du film de Wes Craven de 1977, le jeune réalisateur français Alexandre Aja (remarqué avec Haute Tension) tire donc son épingle du jeu : les éléments de l’horreur sont au rendez-vous, mélangés dans une poisseuse cuisine, malsaine, dérangeante, vomitive même pour certains, et qui donne une atmosphère lourde et écœurante à souhait qui ravira les amateurs du genre.
Vous ne chercherez pas forcément des dialogues issus de l’Académie française ou de Georges Lautner, ils n’y sont pas, et ce n’est pas ce que l’on peut reprocher le plus au film. En revanche, il est dommage que, passé un générique qui plonge immédiatement dans le vif du sujet, il faille attendre une bonne demi-heure (sur une durée totale de 1h40) pour réellement sauter dans le « feu » de l’action (le terme n’est pas usurpé).
Comme d’habitude, c’est le jeu du « qui survivra à la fin ? » et de ses variantes spécifiques à chaque film (ici en l’occurrence « quel assaisonnement pour le chien ? » ou encore « y’a-t-il moins de gras dans un bébé ?« ) avec les fameuses scènes des gentils excédés qui finissent par devenir vraiment méchants envers les méchants et ont soif de vengeance sanguinaire.
Vous aimez les films gores ? Vous ne serez pas déçus par La Colline A Des Yeux. Mais si la vue du sang vous fait tourner de l’œil, ce n’est même pas la peine de mettre un pied dans la salle (ou pourrait vous le bouffer), fête du cinéma ou pas.