La Stratégie Ender

D’entrée, LA STRATEGIE ENDER ne sort pas sous les meilleures auspices. Auteur à succès mais aux déclarations provocatrices, nouvelle saga à vendre dans un contexte extrêmement concurrentiel et puis le réalisateur du premier WOLVERINE… On a connu mieux. Ceci étant, avec des ventes en librairie au sommet, une saga de science fiction solide et un Han Solo pas trop loin, on était en droit de surveiller le passage sur grand écran des aventures d’Ender. Peine perdue, loin de démériter techniquement, le film se prend les pieds dans le tapis d’entrée avec un ensemble d’idées très brouillonne, qui tentent d’imposer un scénario trop inconsistant, entre fausse critique et récupération des bonnes idées du box office.

Tout est question d’atmosphère. Dans LA STRATEGIE ENDER, on assiste à l’évolution d’un enfant soldat américain destiné à sauver le monde, sorte de mini despote en puissance, intellectuellement en avance (ce qui reste une figure classique de la science fiction, mix entre AKIRA et d’autres, sans les superpouvoirs), dont le sort est déjà fixé d’avance. Et voilà, on sait déjà où l’on va ; le film se concentrera donc sur le voyage, et ses classes préparatoires sous les ordres de militaires nébuleux, perdu sur une station spatiale. Oui, Ender est un peu le Harry Potter de l’espace, en moins sympa. Si le contexte est somme toute intéressant, le scénario ne sait plus trop quoi dire. On entre directement dans l’action, plaçant les éléments à la va-vite (une soeur aimante, etc…), sans vraiment nous les expliquer. Ender reste alors ce jeune adolescent quasiment intouchable, qui ne rencontrera que peu de difficultés.

Et le film se perd. Côté réalisation, l’effort est mis sur le visuel au détriment d’une vraie intention ; la volonté de nous mettre un maximum de scènes de jeux spatiales (sorte de Quidditch en apesanteur) ne sert quasiment à rien et reste extrêmement fouillis. Jusqu’à la fin, on ne fait qu’assister à l’évolution sans heurts d’un gamin grognant pour retrouver son accès à Internet ou sa famille, et de l’autre les questions d’une guerre intergalactique dont finalement on ne nous montrera rien. Le discours sur les enfants soldats et le génocide d’une race passe évidemment au second plan, hormis un sursaut de réflexion à la dernière minute qui ouvre clairement sur une suite (dont on ne sait si elle aura lieu). Ender, bardé de mauvaises intentions, est finalement son pire ennemi. A se demander si l’adaptation de ses aventures est réellement une idée pertinente…

1.5 / 5