Little Joe

Après AMOUR FOU sorti en 2015, la cinéaste autrichienne Jessica Hausner continue visiblement dans l’austérité et la fadeur esthétique. Et surtout, après un film en constumes sans aucune saveur de mouvement et d’ambiance historique, et bien la cinéaste nous offre un film fantastique qui a beaucoup de mal à sortir des schémas classiques. Avec LITTLE JOE, la scénariste Géraldine Bajard et Jessica Hausner imaginent une fleur qui rend les gens heureux. Une nouvelle plante qui se veut aussi belle que thérapeutique. Créée par des biochimistes, cette nouvelle fleur est pourtant bien vivante, et qui va causer bien de soucis à tout ce petit monde. Le film de Jessica Hausner est un film-concept, qui se veut fable contre le capitalisme mais qui endort à chaque idée, tant la moindre intention renvoit au concept et non à son traitement.

Sauf que LITTLE JOE est un film incroyablement stupide, complètement dépassé par son schéma très peu inspiré. Tout est basé sur la narration, d’enchaîner les effets secondaires de la fleur, et de compiler les dégradations dans les relations entre la protagoniste et les autres personnages. La cinéaste prend clairement le parti de faire un film de possession, plutôt que de le traiter comme un drame humain, alors qu’elle lance plein de pistes sur les personnages qui ne seront jamais exploitées. Même dans son schéma narratif, le film prend ses spectateur-rice-s pour des démeuré-e-s. Ici, absolument tous les enjeux dramatiques et fantastiques nous sont servis sur un plateau d’argent, mais les personnages sont laissés sur le carreau. Ainsi, nous savons absolument tout avant les personnages, et il n’y a plus qu’à les regarder et attendre que l’un-e d’entre eux/elles comprenne ce qu’il se passe…

Les personnages ne servent jamais une narration dramatique, ni même une mise en scène travaillée pour nous amener vers une ambiance précise. Les personnages sont des silhouettes, des marionnettes qui servent à dérouler un récit fantastique qui a déjà tout dévoilé dans ses vingt première minutes. De la mise en scène très pauvre et superficielle, jusqu’au montage didactique, en passant par un cadre fixe car sans inspiration quelconque, et une bande sonore horrible, LITTLE JOE est un film où l’ennui triomple et est perpétuellement prévisible. Alors que Jessica Hausner choisi de jolies couleurs saturées et des espaces clos intéressants, elle n’en fait jamais rien. Tout est donné à la parole, à des personnages aussi bêtes que le schéma narratif, où le sérieux du film est réellement pire que les effets kitschs d’une série Z qui s’assume. Et comme tout est absolument artificiel et sans travail esthétique, le film sonne toujours faux dans son exploration psychologique et dans son discours écologique, devenant trop rigide et tournant dans le vide absolu du discours creux.


LITTLE JOE
Réalisation Jessica Hausner
Scénario Géraldine Bajard, Jessica Hausner
Casting Emily Beecham, Ben Whishaw, Kerry Fox, Kit Connor, David Wilmot
Pays Grande-Bretagne, Autriche, Allemagne
Distribution Bac Films
Durée 1h45
Sortie 13 Novembre 2019

1.5 / 5
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