Cannes 2015 / Sélection Officielle / Séance de minuit
Il y a quelque chose de magnétique chez Noé. Des univers nocturnes, percés de traits de lumières, où l’homme n’est plus qu’un animal parmi tant d’autres. La vengeance à rebours d’IRREVERSIBLE, le survol planant d’ENTER THE VOID nous ont habités à partir dans des directions (et sous des formes) inattendues. LOVE est une nouvelle virée en dehors des sentiers battus ; un film de « sexe avec des sentiments » (dixit l’auteur) en trois dimensions, trois passions que le réalisateur ne parvient pas à transcender.
LOVE est au premier degré un film d’amour. Celle d’un homme pour une femme, puis bientôt deux. Ou plus ? Le narrateur replonge dans ses souvenirs alors que l’amour de sa vie (mais pas sa femme) vient de disparaître. Gaspar Noé tisse un film à la 3D très réussie où les corps et les envies se mélangent, dans une forme de désir propre (il occupe l’un des rôles secondaires, le personnage central veut être réalisateur et porte la voix même de Noé…) dont on comprend rapidement le but. Oui, des scènes de sexe existent, mais pas que ; à l’instar de LA VIE D’ADELE, elles ne sont qu’illustrations, certes crues et directes. Dans sa création, Noé insère quelques plans qui ne passeront pas le cap du -18 ans en salles, réservant le film à quelques salles audacieuses.
Plus que la forme, c’est le fond qui nous interroge ici. Là où ses précédents films étaient de véritables voyages où le couple existait à deux, LOVE ne propose qu’un seul point de vue. Celui d’un homme, de son appétit sexuel, sans réellement offrir autre chose. La femme n’est qu’un but, ne s’exprime pas, et le scénario ne souhaite visiblement pas s’intéresser à un deuxième regard pourtant essentiel. Il reste alors la formidable photographie du Benoît Debie, et la volonté de Noé de présenter quelque chose de non conventionnel : LOVE est un film qui fera débat, sans doute pas le plus abouti de son réalisateur, mais reste une performance intrigante.
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