Only Lovers Left Alive

Cinéaste énigmatique, Jim Jarmusch ne s’embarrasse guère de superflu. Ses derniers films sont des toiles complexes où tournent ses comédiens, une lumière et une atmosphère nébuleuse. Si THE LIMITS OF CONTROL pouvait étonner par son minimalisme et sa torpeur, ce sont les mêmes intentions que l’on retrouve avec ONLY LOVERS LEFT ALIVE, face obscur d’un univers fascinant.

Ne vous laissez pas dérouter, le dernier opus de Jarmusch est un conte métaphysique à l’environnement simple. Un duo de vampires reclus, vivant chacun sur des continents différents, joue un terrible jeu d’attraction, entouré de leurs valets humains, et d’autres vampires comme toujours en recherche de sang frais. Jarmusch s’empare parfaitement du mythe vampirique (une deuxième bonne nouvelle après le retour récent de Neil Jordan sur le genre avec BYZANTIUM) pour en revenir à son essence même, celle de créatures attirantes au pouvoir de séduction sur les êtres plus faibles. Avec deux comédiens taillés pour leur rôle (Tilda Swinton, Tom Hiddleston), le film prend toute son envergure dans leur dérive éternelle. Comment ne pas mourir (au second degré) d’ennui et de dépression quand vous avez déjà tout vécu ?

Non dénué de quelques lenteurs, ONLY LOVERS LEFT ALIVE s’apprécie sur la durée. Et s’il peut déboussoler par son ambiance abrupte, sa noirceur à tous niveaux, c’est pour mieux nous imprégner de ce romantisme brut bloqué dans une éternité infinie.

3.5 / 5