Nicole et Charlie divorcent. Mais en tant que personnes censées (et parents, d’un petit garçon), ils le font en toute intelligence. C’est du moins comme cela que démarre Marriage Story.
Malheureusement, l’histoire mise en scène par Noah Baumbach est loin d’être un long fleuve tranquille administratif. Bien au contraire il s’apparente à une lente descente aux enfers incarnée par le système judiciaire des États-Unis. Un système qui peut transformer les relations les plus saines en véritables conflits ouverts.
Car Nicole, comédienne californienne, a suivi Charlie à leurs débuts afin de l’aider à construire sa carrière de metteur en scène de théâtre à New York. Elle a même intégré la petite troupe d’acteurs. Leur fils est né dans la grosse pomme, mais lorsque l’amour s’éteint et que Nicole a la possibilité de rejoindre une nouvelle série télé à Los Angeles, c’est le divorce, car Charlie n’est pas prêt à quitter la côte est.
Mais il n’est pas non plus prêt à abandonner leur fils Henry, et c’est bien la question de la garde qui va envenimer la procédure. D’un divorce à l’amiable (sans avocat, comme cela est possible aux USA) on glisse lentement vers une bataille judiciaire de plus en plus tendue.
Marriage Story ne verse pas vraiment dans la nuance quand il dépeint les avocats américains. Hargneux, hypocrites, détestables mais pourtant indispensables, voici ce que l’on retient de leur prestation dans le film. Le plus sincère et humain de tous finit par être balayé par l’implacable soif de victoire, coûte que coûte…
En revanche le réalisateur Noah Baumbach excelle dans son portrait empathique et nuancé des deux acteurs principaux. Scarlett Johansson et Adam Driver sont terriblement justes, et le spectateur se retrouve forcé de choisir un camp qui de toute façon ne sera jamais le bon. Mais lui, Charlie (le père) incarne bien la première cible des divorces lorsque le sujet de la garde parentale entre en jeu. D’une façon volontaire ou non, Marriage Story fait plusieurs fois pencher la balance du cœur de son côté alors que ni lui ni elle ne sont exempts de reproches.
Et c’est bien cela que l’on retient au final du film (qui possède quelques longueurs, que l’on pardonne) : une certaine victoire de l’intelligence par-dessus les défauts d’un système abject. L’honneur est sauf.
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