Minuit à Paris

Comédie romantique de Woody Allen (pléonasme ?) qui est supposée mettre en avant la capitale française, mais pas tant que ça au final. Il s’agit surtout de revivre de grandes époques de Paris, principalement les années 1920, où se croisèrent des noms aussi célèbres qu’Ernest Hemingway, Pablo Picasso, Cole Porter, Scott Fitzgerald, Joséphine Baker, Salvador Dalí, Henri Matisse… que du beau monde.

Et c’est Clive Owen qui a la chance de profiter de ces rencontres (vous sentez le contraste ?). Il interprète Gil, un californien aspirant-écrivain qui vit surtout de scénarii vendus aux studios hollywoodiens. Sans que l’on sache vraiment comment, Gil se retrouve transporté tous les soirs, à minuit, dans le Paris qu’il a toujours rêvé de vivre. Et ces rencontres fantasmagoriques du passé vont le conduire à faire des choix dans le présent, sur son travail, sa vie, sa relation avec sa fiancée.

Minuit à Paris, c’est bien joli, mais c’est très prévisible, qu’il s’agisse de la trame principale ou des petits points d’avancement dans les scènes. Bien interprété, bien réalisé, mais la copie rendue semble tout de même très lisse, un peu trop. On applaudira en revanche le message qui transparaît grâce au film : le Paris du présent n’est vraiment pas intéressant.

CRITIQUE DE MG

So French. Notre Woody Allen international continue son tour d’Europe, après l’Angleterre et l’Espagne, avant l’Italie ; place à la France! Longtemps attendu, désormais concret, le film aura fait parlé de lui dans la presse people et spécialisé. Reste au final un film en forme de vraie carte postale de Paris, un poil trop sans doute, mais après tout… pourquoi pas?

Woody n’a jamais caché son amour pour la France, et Paris en particulier. Et son film est à l’image de cela ; nostalgique sur certaines périodes, concentré sur certains décors, avec une vision historique de Paris assez simpliste, mais terriblement romantique. Ceci offre peu de choses à voir, mais beaucoup à imaginer. Son héros (Owen Wilson, un vrai retour en grâce pour le pote de Wes Anderson, autre amoureux de Paris) se promène dans Paris avec sa future femme, mais ne cesse de fantasmer sur les années folles, les années 20 où la ville était en effervescence artistique et romantique. Une manière pour lui de s’évader, jusqu’au moment où il se retrouve réellement dans cette époque, tel un Beau au Bois Dormant qui, sur les coups de minuit, se retrouve dans un monde féérique. Woody fait donc dans le fantastique, le voyage dans le temps, et le conte de fées pour un voyage à Paris. Presque trop beau, mais pas forcément. Terriblement romantique, le film tire sur la ficelle de l’image d’Épinal de Paris, allant jusqu’à représenter les grandes figures de l’époque (Hemingway, Picasso, … et un génial Adrien Brody en Dali!) pour une rencontre frontale avec l’écrivain du XXIe siècle.

Et finalement le film perd beaucoup sur la partie contemporaine, qui n’est pas non plus inutile mais totalement déconnectée du reste. Trop politique (avec une image des américains très… européennes – et des piques sur le Tea Party ou leur vision des français), trop touristique (avec un Michael Sheen voulu antipathique qui réussit trop bien) et prévisible, on n’y prête que peu d’intentions, désireux de retourner dans des années 20 plus magiques. Surtout que poussant son principe jusqu’au bout, Woody s’amuse à ramener ses personnages dans le temps, les faisant croiser d’autres grandes figures, pour un ratissage complet d’un Paris créatif et bohème. Rien n’ait laissé au hasard, d’un générique sur Paris d’aujourd’hui, jusqu’à Versailles ou Montmartre. Dans tout ça, les acteurs français cachetonnent (ça fait toujours bien sur le CV), et la mention spéciale sera pour un Gad Elmaleh très à l’aise en détective privé.

Loin du tumulte médiatique, Woody Allen signe donc un film touristique et nostalgique, sans doute trop admiratif envers la place de la ville dans le monde des arts pour être réellement rassembleur (attrapons les références..), plus carte postale que vrai film, mais tournant autour d’un Owen Wilson hébahi comme nous par ces rencontres, on se laisse facilement promener dans le temps. N’ayant pas joué la carte du film d’époque, Allen se force toutefois à conserver un lien avec le monde contemporain, laissant persister l’idée que Paris ne perds rien de sa superbe..

2.5 / 5
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