Il faut parfois explorer le cinéma d’hier pour mieux appréhender celui d’aujourd’hui. PARIS N’EXISTE PAS est l’un de ces films rarement visibles, qui pourtant possède de nombreuses qualités. Entre science-fiction réaliste et essai de la Nouvelle Vague sur des questions spatio-temporelles, voilà de quoi démontrer qu’il n’y a nul besoin d’aligner les montagnes d’effets spéciaux pour parler de voyage dans le temps. Attention, film d’auteur quand même, mais beaucoup d’idées.
A l’exact opposée de la décennie qui avait vu Chris Marker réaliser l’expérimental court métrage LA JETEE, Robert Benayoun choisit la couleur et la folie de la fin des années 60 pour poser son récit. Avec le recul, avoir Serge Gainsbourg dans l’un des rôles principaux marque un peu plus les esprits. Ici, il est l’ami fidèle d’un peintre dont la notion de réalité s’estompe après avoir usé de quelques substances illicites. Entre le présent et le passé, son esprit voyage et son inspiration revient… Avec le charme fou de Danièle Gaubert et la musique de Gainsbourg, entre réflexions post-68 et regard sur le passé (sur beaucoup de sujets, et notamment l’éovlution des arts), voilà de quoi séduire celui qui n’aurait pas peur d’affronter une science fiction de forme qui, sans complexes, se permet tout (y compris l’insertion de bandes dessinées au milieu d’une scène).
Et on se laisse prendre au piège. Si l’auteurisme global est prégnant, la volonté de traiter ses questionnements avec des artifices simples ramène au plaisir du premier cinéma. Usant et abusant des outils à sa portée (montage, découpage, acteurs…) Benayoun livre pour l’époque un vrai film avant-gardiste à l’européenne. Peut être l’un des derniers avant l’invasion américaine qui, depuis 2001, allait lancer la mode d’une science fiction bientôt numérique.
3.5 / 5