Sorry we missed you

Ken Loach est un habitué de la Croisette, d’où il est reparti avec de multiples prix récompensant son travail d’observateur d’une société toujours plus agressive et de moins en moins sociale. Son nouveau film poursuit l’analyse d’I, DANIEL BLAKE (Palme d’Or 2016), sur les effet de l’uberisation sauvage de notre quotidien.

Dans SORRY WE MISSED YOU un père de famille devient livreur franchisé de colis, travailleur indépendant certes mais finalement sujet à tous les risques du métier. Quand sa vie de famille s’en retrouve bouleversée, c’est l’ensemble qui risque de s’effondrer. Après le retraité au bon coeur, Loach observe les effets d’un déréglage social sur une famille, et le poids des nouveaux métiers 2.0 entre vraies promesses et terribles conséquences.

S’il poursuit son exploration dramatique d’une anarchie sociale dévolue au capitalisme galopant, Ken Loach se repose pourtant avec espoir (semble t-il) sur la famille comme l’ultime rempart face à l’effritement des règles du travail et du revenu. S’il faut se battre de plus en plus pour survivre, c’est pour de bonnes raisons. Et de cette communauté humaine, restreinte, Loach en fait le noyau indestructible (mais pas facile) de son récit. Disruption versus héritage, Loach s’inquiète des évolutions sans refuser un brin d’espoir.

3.5 / 5