The Green Hornet

On redoute toujours les projets qui mettent plusieurs années à voir le jour, écartelé entre les changements artistiques et les reports de production. Et quand Michel Gondry, finalement choisi in extremis pour diriger cette nouvelle version du Frelon Vert, nous avoue avoir été contacté une première fois voici dix ans, on a plus que peur du résultat. Fort heureusement, avec des comédiens à l’humour caustique et un réalisateur novateur (toujours) à la barre, ce Green Hornet mérite toute notre attention.

Film de super-héros, le Green Hornet lorgnerait plus vers le sous-Batman qu’autre chose, contant les aventures d’un riche héritier décidé à remettre sa ville dans le droit chemin, aidé de son ami Kato, asiatique donc féru d’arts martiaux (et de café ici). La vraie bonne idée est de de revoir le justicier en costume (cravate inclue, pas cape et épée) à la sauce XXIe, sous la supervision de Seth Rogen, co-scénariste, producteur et acteur principal. Acteur fétiche de Judd Apatow, Rogen réécrit le Frelon à la sauce geek contemporain (donc feignant, buveur et égocentrique), s’éloignant drastique des classiques du genre. A ses côtés, on retrouve un Jay Chou peu connu, et la blonde de service, en la personne de Cameron Diaz, décidée à faire vivre sa retraite de Charlie’s Angel. Peu ou pas de présence d’ennemis à la hauteur, et c’est là le point blessant de l’histoire. Christoph Waltz, assis sur ses trophées hollywoodiens, n’a pas la présence à l’écran qu’il suffit, se faisant voler la vedette par le caméo d’un James Franco décidément très occupé en ce moment.

Avec un script offrant largement les dialogues et le temps à ses comédiens de s’illustrer, le Green Hornet joue surtout avec un réalisateur audacieux et inspiré (même pour son premier film de commande), un Gondry qui sait faire des images non personnelles (ce qui lui manquait un peu dernièrement). Un peu à l’image d’Edgar Wright sur Scott Pilgrim, le Green Hornet made in Gondry se révèle une douce sucrerie à l’humour léger et en phase avec ses origines côté image. Si on passe l’extrême simplicité avec laquelle avance l’histoire (que ce soit dans l’élaboration du personnage ou autres thématiques), voici un film riche en idées et en images, malgré quelques répétitions, qui ne demande qu’à dérouler la suite. Une suite plutôt attendue du coup, tant la fin est ouverte et l’environnement (les personnages essentiellement) bien planté.

Nota bene : on ne parlera pas de la 3D, encore une fois largement inutile, même si le film a été tourné (et non gonflé en post-production) en 3D. Gondry tente d’inclure quelques belles actions en dimension, mais on s’en serait passé. Bref, c’est à la mode mais pas encore totalement mis en pratique.

3 / 5