Le Soderbergh annuel.. non, trimestriel vient d’arriver, et en allant trop vite Steven pourrait se perdre. Ce qui n’est pas le cas ici, dans un film assez original (même pour lui) qui est cependant loin de ses grands films. On ne peut pas faire quatre films et quatre chefs d’œuvre la même année. Non mais.
The Informant puise sa source principale dans une histoire réelle, celle d’un homme qui faisait office de « taupe » pour le FBI au sein d’une grande société d’agro-alimentaire. Enième scandale industriel, et un domaine pas si inconnu pour Soderbergh qui oscille entre histoire vraire (Erin Brokovich) et scénario plus abstrait sur la crise économique (The Girlfriend Experience). Ici, il choisit ouvertement le ton de l’humour, un poil sarcastique, pour nous raconter l’histoire d’un cadre un peu trop honnête pour être crédible. Effectivement c’est assez déroutant de voir cet homme haut placé dans la société, devenir espion du gouvernement sur ses propres dénonciations, pour mieux s’enfoncer par la suite. Tout le sel de l’histoire tient au fait qu’il travestit la réalité comme il l’entend, emmêlant les officiels et le FBI (dont un Scott Bakula étonnant) dans un méli mélo dont on ne sait plus quoi distinguer, du vrai ou du faux. Des malversations de la société, bien réelles, à ses propres pots de vins et machinations financières, évidemment cachées au départ, jusqu’à se glorifier de ses hauts faits d’armes avant un procès difficile, le héros est le mythomane par excellence, ne se rendant même pas compte de sa propre bêtise. On est pas loin d’un The Office sur grand écran, et là aussi il est difficile de croire que ça existe. Et pourtant.
Matt Damon, qui a pris sérieusement du poids pour le rôle, surprend encore. Sa carrière est loin d’être terminée, mais force est d’avouer qu’il enchaîne depuis quelques années les bons films, entre un Bourne régulier et le prochain Eastwood. Son vieux complice Soderbergh le plonge donc dans un odieux mélange des genres, comédie affligeante d’un monde corporatiste à souhait où les imbéciles sont rois. Entrecoupant son récit de musiques légères, le réalisateur renforce l’aspect parodique de la chose, avec un héros en souffrance qui s’enfonce inexorablement dans ses mensonges, découverts les uns après les autres. Un récit ahurissant sur la société moderne, sans excès du côté de sa réalisation.
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