The place beyond the pines

On peut se tromper. Avoir un casting à la limite du classé X pour les jeunes demoiselles (Bradley Cooper et Ryan Gosling, le couple hot du moment), un peu aussi pour ces messieurs (Eva Mendès, les traits tirés et le t-shirt mouillé), et puis Derek Cianfrance. Ce monsieur qui nous avait sorti le dépressif mais plutôt joli (mais dépressif) BLUE VALENTINE revient donc en deuxième tour avec un autre tour de passe-passe.

Dans THE PLACE BEYOND THE PINES, les héros font la gueule, mais le réalisateur décide de tenter le tout pour le tout. Soit un film audacieux, clairement. Trois époques, trois destins brisés, trois vies mises bout à bout. Et deux heures trente de pathos. Pas de sentimentalisme à deux francs où vivrait une once d’espoir, non, non. A l’image de son premier long métrage, Cianfrance creuse l’épiderme de ses personnages pour en sortir la substantifique déprime. Le premier est un voyou au grand coeur mais trop violent pour aider sa famille, le second un policier trop honnête pour ne pas être tourmenté, les derniers une nouvelle génération laissée pour compte. Au final, si le message est intéressant, le traitement plombe tout le discours sur le destin et la responsabilité de ses actes, chose que ne renierait pas un CLOUD ATLAS en plus fantastique.

A trop vouloir appuyer sur nos têtes THE PLACE… se prend les pieds dans le tapis, tout en continuant à utiliser l’atmosphère que Cianfrance avait créé dans son précédent film. Pourtant tout était réuni pour un film fort, clairement destiné à nous faire vibrer. Trop pris dans son propos, l’auteur en oublie d’alléger l’ensemble pour se concentrer sur son histoire principal, qui n’intervient que dans le dernier tiers. Et les deux premières heures sont alors longues…

1.5 / 5