Toni Erdmann, le rire (allemand) pour combler la solitude ?

Présenté en compétition officielle au dernier Festival de Cannes, ce troisième film d’une réalisatrice allemande peu connue était inattendu. Il s’agit d’une comédie vraiment drôle, un peu tragique aussi mais surtout d’un film allemand de plus de 2H30 durant lequel on ne s’ennuie pas une seule seconde. Ça paraît effrayant, c’est très plaisant.

Ines reçoit la visite de son père à Bucarest où elle est une importante femme d’affaires. Ce séjour ne se déroule pas vraiment comme elle l’attendait, il lui fait honte et lui pose une question qui lui reste en tête : « es-tu heureuse ? » Il va tenter de l’aider à en trouver la réponse en entrant de nouveau dans sa vie de façon tout à fait inattendue.

Comment parler de solitude avec tant d’acuité et tant d’humour ? La réponse est ce film. En mettant en exergue un mal très contemporain, la réalisatrice réussit à nous faire beaucoup rire. Elle parle simplement de la vie des gens pressés comme disait Noir Désir. 20 ans après, ils sont toujours là. Le regard de la réalisatrice, posé sur eux, via Ines, est compréhensif malgré tout. Le personnage du père, complètement loufoque est l’oxygène du métrage et donne une opportunité à Ines d’être mal à l’aise. Souvent l’inconfort permet une remise en question. Ici ça marche bien.

Parsemés de scènes très émouvantes, très sincères, cette comédie nous va droit au cœur, et jusqu’au rire, grâce à la finesse de la réalisatrice qui comprend bien que c’est le seul remède pour reconnecter les gens.

3.5 / 5