Arcade Fire – The Suburbs

Arcade Fire. En deux albums, les Canadiens sont devenus l’un des groupes les plus importants de la décennie. Il faut dire que leurs débuts furent tonitruant avec Funeral (album de l’année 2005 sur Onlike) et l’histoire qui l’entourait. Tout simplement brillant, l’album imposait le groupe comme de véritables prophètes musicaux, au travail soigné et à la qualité omniprésente. Pour Neon Bible, ce fut autre chose, du moins pour ma part, car je constatais avec étonnement une hype sans précédent pour un album que je continue de trouver moins bon. Je m’en étonnais à la fin de la chronique :

On ne peut pas dire que Neon Bible est un mauvais album, bien au contraire. Il y a juste cet agacement de le voir porté au nues avec un fanatisme exagéré (pléonasme ?)

Et nous y voilà. The Suburbs, troisième album, et déjà un classique avant même sa sortie, si l’on en croît tout le tapage qui a pu en être fait, surtout dans la presse spécialisée. Il fallait garder les oreilles froides, même si le concert précédent la sortie avait fait découvrir pas mal de nouveaux titres et rassuré sur leur qualité, dans l’ensemble. Car un Month of May mauvais en concert restera mauvais sur l’album. Oui j’attaque directement par du négatif sans prendre de précaution, mais je me rattrape immédiatement : The Suburbs dispose d’une magnifique entame, à savoir ses quatre premières pistes : The Suburbs, Ready to Start, Modern Man (légèrement en-dessous) et Rococo. Sur ce début, rien à redire, Arcade Fire confirme son statut d’explorateur de la Musique, de leader, la maîtrise est totale.

Mais l’album fait 16 pistes (une générosité qu’il convient de saluer) et c’est la suite qui me laisse un peu plus perplexe. Je trouve le milieu du disque incroyablement creux, comme si la magie n’opérait plus, que l’on tournait en rond. En ronronnement même, tant l’absence de surprise auditive rend l’ensemble monotone. Moins de ruptures, moins d’envolées et trop de retenues, les morceaux s’écoulent avec un calme qui laisse dubitatif. Evidemment dans tout cela, il faut faire une exception et pas des moindres : l’un des meilleurs titres est coincé en plein milieu de ce passage à vide. Et l’on se demande même comment Suburban War a pu se perdre dans ce tracklisting, si ce n’est pour lui rendre hommage et mettre en exergue la différence flagrante de niveau avec les pistes qui l’entourent. D’autant qu’il est suivi par Month of May, déjà cité plus haut.

Le salut nous viendra de la dernière partie de The Suburbs. D’abord avec Wasted Hours et Deep Blue, mais surtout avec les deux derniers titres. Sprawl II (Mountains Beyond Mountains) est l’un des rares morceaux à mettre admirablement en avant la voix de Régine Chassagne, et c’est encore mieux sur une rythmique entraînante. The Suburbs (Continued) reprend comme son nom l’indique le début de l’album, en beaucoup plus court, et dans une atmosphère plus sombre, presque angoissante. Arcade Fire nous laisse sur une drôle de note pour terminer.

Alors voilà, nous y sommes. J’ai adoré Funeral, un peu moins Neon Bible, et encore un peu moins The Suburbs. Sans doute aurais-je préféré un album plus concentré (avec moins de titres, mais une intensité plus régulière). Au départ, ils étaient simplement les chouchous de David Bowie, sa nouvelle découverte réservée aux initiés. Ils sont devenus un groupe ultra-influent à suivre presque aveuglement. Et si la côte d’Arcade Fire avait une courbe de popularité inverse à la qualité de ses albums ? C’est une simple question…

3.5 / 5