Attendue par les fans comme par les curieux, la saison 4 de Black Mirror version Netflix a déçu. Revenons sur ces 6 épisodes en détail, avec notre avis pour chacun.
Épisode 1 : USS Callister
Dans la vie, Robert Daly est le cofondateur d’une entreprise de jeu vidéo à succès, mais comme il est timide et introverti il est la risée de ses collègues. Alors chez lui, il a recréé une version privée du jeu où il est le capitaine d’un vaisseau spatial à la Star Trek, adulé de son équipage. Un équipage qui est en fait constitué de ses collègues qu’il a cloné numériquement en se servant de leur ADN, et qui sont finalement ses esclaves. Jusqu’à ce que l’heure de la rebellion se mette à sonner…
Notre avis : Pour entamer sa quatrième saison, Black Mirror prend des risques. L’esthétique rétro-futuriste et kitsch de Star Trek est d’abord déroutante pour une série d’anticipation, puis un dénouement plus inhabituel que ce que nous a habitué la série auparavant. Avec le recul, on réalisera pourtant que cet épisode est l’un des moins mauvais de la saison. Alors…
Épisode 2 : Arkangel
Parce qu’elle a eu peur de perdre sa petite fille (Sara) de 3 ans lors d’une balade au parc, une maman (Marie) décide de lui implanter une puce permettant de la suivre en temps réel (GPS), de voir et entendre ce qu’elle voit et entend, et même de bloquer la vision et le son lorsque cela est trop anxiogène. Mais l’obsession du contrôle de la mère va se révéler très néfaste pour l’enfant à mesure qu’elle va grandir. Jusqu’à ce que l’heure de la rebellion se mette à sonner… (oui, je trouve que la phrase s’y prête bien encore)
Notre avis : L’épisode réalisé par Jodie Foster ne va pas au bout des choses, d’autant qu’il reprend des éléments déjà abordés précédemment dans la série. La technologie au service d’un contrôle malsain qui dérive vers la paranoia… c’est un thème que les spectateurs de Black Mirror connaissent. Au final, c’est un épisode très prévisible et entendu qui nous est servi. Raté.
Épisode 3 : Crocodile
Ils étaient saouls, ils ont renversé un cycliste et se sont débarrassés du corps. Mia et Rob se sont promis de garder le secret, mais des années plus tard, Rob n’en peut plus du poids de la culpabilité, et Mia se retrouve à devoir l’éliminer lui, puis un à un tous les témoins de cette affaire, car avec une machine à retrouver les souvenirs (qui est utilisée par la police et les compagnies d’assurance), Mia est désormais en danger…
Notre avis : Le postulat de base de cet épisode est intéressant. La machine à retrouver les souvenirs dans l’inconscient des personnes, c’est une trouvaille (à relativiser : on a quand même eu l’implant qui enregistre tout dans l’épisode d’avant, et dans la saison 1 avec l’épisode The Entire History of You). Mais elle aurait du être mieux exploitée, car au final la technologie n’est que l’accessoire de l’intrigue. C’est surtout le parcours d’une femme désespérée par le fait d’être découverte, qui est le fil rouge de cet épisode. Elle doit accumuler les meurtres pour ne pas être démasquée du meurtre initial (le cycliste). En définitive, la technologie finit enfin par la rattraper, de manière ironique.
Épisode 4 : Hang the DJ
Une application de rencontre promet de vous trouver votre âme soeur, avec 99,8% de chances d’effectivité. Mais pour que le système fonctionne et se calibre, il faut d’abord essayer plusieurs relations pendant une durée variable (de quelques heures à plusieurs années). Pour Frank et Amy qui se plaisent dès le début, devoir mettre un terme précoce à leur relation et être obligés de se mettre avec quelqu’un d’autre pendant longtemps, devient un supplice. Jusqu’à ce que l’heure de la rebellion se mette à sonner… (ah ah ! me revoilà !)
Notre avis : Enfin un bon épisode ! Son seul défaut est sans doute de ne pas mettre trop en avant la dérive technologique, mais cette astuce est nécessaire pour conserver l’effet de surprise du dénouement. On se laisse néanmoins capter par cette histoire sentimentale mise à mal par un système informatique au service de son algorithme affinitaire (comme les applications de rencontre actuelles, finalement). Et la fameuse explication du 99,8%…
Épisode 5 : Metalhead
Dans un monde de survivants, un trio de pillards tente de voler une mystérieuse cargaison dans un hanger désaffecté. Désaffecté, vraiment ? Non : ils réveillent sans un robot militaire bien décidé à les traquer et les éliminer sans répit.
Notre avis : Catastrophe pour cet épisode sans queue ni tête qui ne mise que sur son esthétique post-apocalyptique en noir et blanc pour séduire. Des robots-tueurs ultra-résistants et pleins de ressources : pourquoi, comment ? Cet épisode est un instantané qui semble puiser sa source d’inspiration chez les robots extrêmement effrayants actuellement construits chez Boston Dynamics. Sans doute le présent fait-il déjà suffisamment peur, pour obliger la série à imaginer un futur très différent visuellement.
Épisode 6 : Black Museum
Le temps de recharger sa voiture, une jeune fille (Nish) visite un musée consacré aux artefacts technologiques criminels. Comme elle est la seule touriste présente ce jour-là, le propriétaire du musée en profite pour lui raconter en personne les anecdotes derrière chaque objet intéressant, jusqu’au clou du spectacle.
Notre avis : L’épisode final réussit sa mission. Rempli de référence aux épisodes précédents (et pas seulement ceux de la saison 4) il rappelle aussi l’épisode spécial White Christmas (entre les saisons 2 et 3) où toutes les histoires se révélaient finalement imbriquées. Le principe est donc repris. Bien que prévisible, la réussite provient autant de l’originalité des anecdotes racontées (même si le transfert de conscience, fil rouge de l’épisode, a été maintes fois abordé) que du sentiment de justice accomplie qui transpire de son dénouement.
Car il convient de noter que des fans de Black Mirror ont souvent pointé que l’ADN de la série n’était pas respecté dans cette saison 4, à cause du « happy end » de certains épisodes, qui serait contraire aux codes de la série. Nous les laisseront débattre stérilement sur ce point, Black Mirror nous ayant été avant tout présentée comme une série exploitant les dérives des progrès technologiques (sans mention obligatoire d’une fin malheureuse à chaque fois) c’est essentiellement sur ce point, et donc la qualité des épisodes, que nous avons construit notre avis. Ce qui nous conduit à conclure que cette saison 4 est loin d’avoir le niveau des précédentes.
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