All hail the king. En presque six années (depuis Janvier 2008), le show créé par Vince Gilligan a révélé un personnage à part entière, Walter White, et une forme de narration totalement éclatée. Evolution plus que révolution, BREAKING BAD consacre (avec une autre série AMC, MAD MEN, et avant le renouveau récent de HBO avec BOARDWALK EMPIRE) l’avènement de ces néo-séries évènements, colosses aux mythologies dantesques, aux figures sombres et aux narrations visuelles. Additionnant tout cela, BREAKING BAD a livré 5 années exceptionnelles qui ne pouvait se terminer que tragiquement.
Walter White. L’homme devant la série. Si on pourrait parler longuement du destin de Vince Gilligan, le créateur arrivé d’X-FILES, c’est bien Bryan Cranston qui trouve là une vraie métamorphose et un rôle en or. Walter White et son alter aego Heisenberg occupent tout l’espace de la série, vampirisant les autres personnages et l’atmosphère. Une figure théâtrale toute puissante, le roi parmi ses sujets, l’homme dont on parle mais que l’on ne voit jamais totalement. A son image, BREAKING BAD se dirigeait inexorablement vers sa fin. Programmée, connue, les dernières heures de Walter White se devait d’être à la hauteur de ses décisions depuis le premier épisode. Gilligan ne le rate pas, ce grand départ, mais en profite pour changer une nouvelle fois la donne. Il reste peu de temps, Walter suffoque, nous aussi.
Au terme d’une diffusion sur deux étés, la série décompose donc son dernier acte. Si les 8 premiers épisodes proposaient une vraie montée en puissance du Walter White caïd local, c’est bel et bien pour reprendre dans la deuxième partie sa longue descente aux enfers et sa chute. Fini les apparences, le miroir se brise et les vérités se révèlent. Heisenberg n’est plus, et Walter se raccroche à ce qu’il peut attraper. On passe la saison à se demander jusqu’où il pourra aller pour mieux se sauver, justifier ses actes par sa famille. Inexorablement, Walter White creuse sa propre tombe, en laissant de côté l’Heisenberg qui n’est plus. Gilligan décide de faire le ménage comme on pouvait s’y attendre ; après 5 saisons à s’enfoncer, Walter ne pouvait s’en tirer gratuitement.
La force de BREAKING BAD est de tenir son univers. Le destin de Mister White n’est pas anodin, mais pas exceptionnel non plus. Le professeur de chimie provincial devenu mogul de la drogue fait la une des journaux, le temps d’en disparaître (ce qui est l’un des enjeux et ressort dramatique du dernier épisode). Ce que l’on nous avait présenté, Albuquerque et sa province, les voisins, les amis… Walter perd tout, et nous voyons la porte se refermer. Son chant du cygne, avec deux épisodes finaux scellant l’inévitable, ne peut que souligner le caractère inéluctable de son cheminement. Oscillant continuellement entre le bon père de famille et l’abject, égoïste maître du monde qu’il pense incarner, White trouvera t-il la lueur d’espoir pour obtenir le pardon ?
Maîtrisé de bout en bout, BREAKING BAD termine sa déconstruction programmée après 4 ans et demi sous le soleil du Nouveau Mexique. Au milieu, un millier d’histoires, d’anecdotes, de personnages, d’images et d’idées. C’est ce mélange, chimique, détonnant, qui va nous manquer.
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