Mad Men, série phénomène, multi-récompensée et renouvelée pour une saison 4. Le monde de la publicité dans les années 60 se révèle des plus intéressants, au milieu des évolutions sociales et économiques de l’époque. Alors que la guerre froide bat son plein, que la guerre du Vietnam secoue les jeunes générations, Don Draper et ses camarades continuent de se débattre avec leurs budgets et leur rachat par une compagnie anglaise.
Et oui, on les avait quittés avec cette mauvaise nouvelle, leur rachat. Et les choses… n’ont pas changé. Simple effet économique, Sterling et Cooper ne sont plus propriétaires, mais simples employés. Ce qui leur a valu une belle somme de côté, et une hiérarchie en plus. Bref, rien de fondamental car ils gouvernent encore leur société, avec un directeur à leur côté, un anglais, Lane Pryce. Et c’est bien la seule nouveauté. Draper continue de briller, de recevoir des prix, de collectionner les maîtresses régulières ou non. Ses collègues continuent leur petit manège, Peggy, Pete, Joan, Ken, Salvatore… Toutes les têtes reviennent, et on parle des comptes. Des clients, gros ou petits, à ramener ou à conserver, à chérir et acheter. Bref, Mad Men c’est l’âge d’or de la publicité, les années 60 dans toute leur splendeur.
Et pourtant, la série ne se porte pas moins bien. Ellipse temporelle oblige, elle débute quelques mois après les évènements de la saison 2. Don chérit sa femme enceinte, est de retour au bercail et tente de conserver son mariage. Campbell et sa femme vont au mieux, sans savoir comment. Peggy s’affirme, continuant son étonnant parcours. En cela, et c’est bien là le principal, la série suit les évolutions de son temps. En pleine période Kennedy, on voit les premières émancipations féminines, les problèmes de mœurs, d’orientation sexuelle perpétuellement refoulés pour mieux éclater.
Toute l’hypocrisie de ce temps où l’espoir reposait sur un jeune président plein de convictions, et tragiquement disparu. Et l’évènement est vécu à plein par nos personnages, démontrant l’importance de JFK dans ces temps de remise en cause et de questionnements. On voit Betty tout tenter pour conserver son mariage, puis lentement s’en détacher pour partir loin des mensonges de son mari. Don dans toute sa splendeur, machiste et égocentrique, parvient toutefois à attirer toute la sympathie du spectateur, superbement au dessus de tout problème de ce temps, dédié à ses rencontres et ses amours finalement tragiques. Au final, la résurrection de son douloureux passé créera un schisme sans précédent, qui remettra son couple au point mort. Drôle d’ironie pour celui qui aime sa femme, mais aussi d’autres…
De l’autre côté, les tribulations du groupe autour de leurs réunions, bouteilles de whisky…. ne durera pas. Leur rachat entraîne en fin de saison leur revente aussi soudaine, forçant Draper, Sterling et Cooper à faire sécession pour mieux renaitre. Une nouvelle agence est née ! Entraînant leurs talents avec, ils s’installent donc dans une chambre d’hôtel pour recommencer à zéro, avec quelques fidèles clients dans leur portefeuille.
Série d’une classe infinie, Mad Men parvient à livrer toute la pression de l’époque sans grand discours, se focalisant sur les personnages et leurs interactions sociales. Du grand art niveau scénario, suivi d’une réalisation soignée. C’est aussi ça, la série d’AMC, prendre le pouls d’une époque où la révolution commence doucement à se mettre en place (pré-Vietnam, les débuts hyppies…), en se plaçant à l’opposé de la rue, dans les grattes ciels aisés de New York. Là où le vent du changement est des plus implacables.
On ne peut nier que Draper, celui qui est là par la force de son travail, devra repartir de rien. Mais cette fois ci, il est son propre patron. Et plus ou moins célibataire. On attend donc la suite avec impatience.
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