Si le titre de monument de la télévision peut parfois (et souvent) être exagéré, il y a dans l’histoire d’HBO quelques séries qui le méritent amplement. THE WIRE, avec tout le recul approprié, ne perd pas en intérêt ni en efficacité au fil des ans, et c’est bien l’un des morceaux d’histoire du petit écran que l’on contemple. Quand le fond et la forme d’une oeuvre audiovisuelle se fondent parfaitement pour livrer sans doute l’une des meilleures saisons du show, et peut être des années 2000.
Pour ceux du fond qui n’ont pas suivis, THE WIRE nous expose au quotidien de Baltimore, ville du nord-est des Etats Unis, voisine de Washington. Entre dealers de quartiers et état major policier, la vie défile. En cette troisième année, après avoir exposé la brigade spéciale chargée des crimes où oeuvrent nos personnages principaux, et un détour par le port pour remonter la filière d’importation de trafics en tous genres, on en revient aux quartiers chauds de la ville. Et leurs luttes de pouvoir. Entre dealers, anciens et nouveaux, faibles et forts. Entre politiciens, en année électorale. Entre policiers, hiérarchie et simples officiers. Entre volonté de vouloir changer les choses, et l’impuissance chronique devant le désastre social d’une ville en chute libre.
Basé sur un réalisme à toute épreuve (le show est co-écrit par un ancien journaliste et un ancien policier de Baltimore), THE WIRE explose en troisième année, et de très belle manière. La thématique principale est ici politique, et l’écriture soignée du show nous entraîne dans un foisonnement infini d’histoires, de grandes et de petites. Dans ce grand jeu d’échec, où les coups pleuvent, chacun a son rôle à jouer. Et si la mécanique sauvage mise en place entre les « corners » des rues et ceux des bureaux de la municipalité est incontrôlable, en partie, la saison démontre l’incapacité des pouvoirs publiques, leur paralysie face à l’illégalité croissante, qu’il s’agisse de trafic de drogues, d’aides sociales ou de corruption au coeur du centre ville aisé. Un constat affligeant mis en scène de manière tragique.
Et plus que cela, THE WIRE soigne sa propre histoire. Du retour d’un Barcksdale en pleine convalescence, de l’évolution de nos chers policiers au fil du temps à l’apparition de nouveaux personnages, la série reprend pied là où la deuxième année s’était un peu perdue. Et voilà le coup de massue, celui des deux derniers épisodes où tout change, tout se révolutionne. Outre le fait que chaque chose dans la série a une conséquence, les scénaristes n’hésitent pas à mener leur barque contre vents et marées, tout personnage ou situation pouvant être amené à changer. Démonstration brillante d’une série complète.
5 / 5