The Wire est célébré comme l’un des monuments de la télévision moderne. Comme la plupart des grandes séries, elle sort du câble, de la chaîne HBO. Dans les cités de Baltimore, récit du jeu entre voyous et flics, avec tous les moyens possibles.
The Wire désigne le système d’écoutes de la police pour traquer les truands. Dans la mythologie moderne, l’illégalité n’est pas signe de stupidité, et les forces de l’ordre sont souvent dépassées par des malfaiteurs disposant de moyens financiers conséquents, et sans hiérarchie pour discuter d’un budget. On découvre donc un vaste réseau de trafic de drogues à Baltimore, où un caïd local fait tourner son commerce avec intelligence, codes et un système bien en place. Pour contrer cela, une équipe de bras cassés, mis au ban de leurs services respectifs (pour simplifier) se retrouve pour tenter de l’arrêter, utilisant au mieux les technologies à leur disposition. Entre table d’écoutes et cabines à surveiller, pression des supérieurs pour finir rapidement ce qui coûte une fortune, découvertes hasardeuses de ramifications politiques et vies de quartier misérables, The Wire dresse un tableau d’une humanité enfermée dans les ghettos d’une grande ville américaine, où chacun tente de se débattre pour ne pas disparaître, et où les rivalités finissent souvent par des fusillades mortelles.
Et pour arriver à ses fins, la série de David Simon et Ed Burns se base sur ses personnages, incluant un registre très personnel à l’enquête de la saison. Car The Wire est une série où la saison entière ne contient qu’une seule enquête. Pour sa première année, ce sera donc le travail des enquêteurs pour disséquer le commerce et appréhender le ponte de la cité, Avon Barksdale. Très détaillée, la série se compose de plusieurs dizaines de membre du casting, une quinzaine du côté de la loi, une trentaine de l’autre. Faisant circuler la caméra entre les tours des cités de Baltimore, on y découvre la réalité d’une vie coincée entre héritage des banlieues (trafic de drogue, ou consommation), et peu de moyens d’en sortir réellement. Pour les policiers, c’est hésiter entre une carrière sans accroc ou la prise de risque mortelle.
Sur un rythme posé, qui peut parfois perturber sur les premiers épisodes, la série installe son cadre terriblement humain (bon ou méchant, chacun aura ses défauts et ses qualités), sans être un brin manichéen, et ouvre ensuite ses portes à toutes les possibilités. Chaque personnage aura son heure de gloire ou sa fin tragique. Reste que sur 13 épisodes, le jeu se complique, les pions sont avancés et la fin, plus que pessimiste, nous annonce que la suite n’en sera que plus dramaturgique. Véritable théâtre moderne, The Wire est fait d’une écriture fine et de caractères forts, non sans un brin d’humour certain. Ce n’est que le début semble t-il d’une saga contemporaine sur les quartiers chauds de Baltimore, et on ne sait pas de quoi la suite sera faite…
4 / 5