Mad Men – saison 1

On ne gagne pas trois années de suite l’Emmy award de la meilleure série dramatique par hasard. Voilà le constat concernant Mad Men, brillant portrait d’une agence de publicité (fictive) à Manhattan dans les années 1960, et de son directeur de création Donald Draper.

Et il faut toute l’ingéniosité des créateurs de Mad Men pour faire sortir la série du monde assez fermé de la publicité et intéresser un public plus large. Car si le quotidien de l’agence Sterling-Cooper est réaliste (encore à notre époque), c’est dans la personnalité et la vie privée de ses héros que réside l’attrait de cette saison 1. A commencer bien sûr par Don Draper, figure emblématique, dont les épisodes vont nous révéler peu à peu un passé et une situation pas si clairs qu’il n’y paraît au début. Au fil des découvertes, les masques tombent, le vernis s’effrite, la vraie nature des personnes apparaît. Et elle est loin d’être belle.

C’est tout le message de Mad Men. Derrière la façade du quotidien se cache le côté vil et individualiste des gens, mais aussi les exceptions : de bonnes personnes qui arrivent à évoluer dans le milieu de la publicité. Touchant, passionnant, Mad Men est aussi instructif.

P.S. : le générique de la série est signé Rjd2 avec le titre A Beautiful Mine (issu de l’album Magnificent City Instrumentals).

CRITIQUE DE MG

Il y a des séries que l’on est OBLIGÉ de regarder. Sur ma liste, j’ai Six Feet Under depuis longtemps, et Mad Men depuis deux ans. Le hasard aillant voulu que je m’attaque aux costards de la publicité plutôt qu’aux croques morts, je me suis lancé avec conviction dans la première saison. Il faut avouer que, tout comme The Big Bang Theory, Mad Men m’avait refroidi à plusieurs reprises. Les nuages de fumées et le bon whisky n’étant pas ma spécialité, j’avais laissé tomber le pilote à deux reprises.

Et bien voilà que, comme à l’habitude, la troisième tentative est la bonne. Et que comme prévu, les treize épisodes de cette première saison sont effectivement très bons. Mad Men, c’est une série sans atout, sans île mystérieuse ou médecin de centre ville, qui vous renvoie au début des années 60′ dans le milieu de la publicité. Une époque où les agences de pub’ commencent à découvrir leur pouvoir, où la consommation de masse débute réellement après avoir essuyé le contrecoup de quelques guerres, et où finalement le modèle américain naît. Une Amérique vraie et nature, entre le travail en ville et la vie de famille dans sa jolie maison de banlieue. C’est le quotidien de notre héros, Don Draper, cadre à succès d’une moyenne entreprise de publicité, mari comblé et père de deux enfants. Sous le verni de ce joli tableau, Don cultive plusieurs maîtresses et (le petit plus « série ») cache un lourd secret.

Et c’est bien de ça que parle Mad Men, cette société des sixties où le paraitre est plus important que l’être. Don, ses collègues, leurs femmes… entretiennent les apparences au point de ne plus avoir de personnalités pour certains. Il faut être souriant, accueillant, disponible, ambitieux, etc… Le rôle de la femme est particulièrement détaillé par ailleurs, montrant à quel point cette situation a su évoluer en quarante ans, à l’évidence. Mad Men ne fait pas dans la critique, mais décrit de façon (sur)réaliste le quotidien de ces employés, hommes et femmes, supposés être au centre du monde, new-yorkais, publicitaires, buvant et fumant à gogo, passant leurs journées dans les slogans et les clients, fêtant le soir leur succès. Le rêve américain en surface, pour derrière révéler de terribles visages, ceux fatigués et déprimés de gens vivant à la lettre les règles de leur société. Évidemment on croise quelques hippies, nouvelle mode de vie moins dans le rang, mais l’essentiel des actions se situe auprès de ce gotha en costume à deux facettes.

Dans tout ça, l’énigmatique Don Draper. L’un des cadres de l’entreprise, brillant publicitaire dont la carrière et la vie privée sont des exemples pour tous. Mais Don n’est pas celui qu’il est, et on découvre son passé, entre des origines honteuses (pauvres), le traumatisme de la guerre (de Corée) et sa désertion. Don, un homme, un vrai mais pas si exemplaire que cela. Et justement on débute la série avec un certain malaise de sa part, coincé entre les jeunes loups de la publicité, et une vie trop réglée pour ne pas être étouffante. Tout en finesse on le suit donc descendre le gouffre de sa solitude, malgré sa famille, ses amis et collègues. Reste à découvrir en saison 2 ce qui va lui arriver, si les apparences seront sauvées et si le bonheur jaillira de ce faux semblant américain. Un portrait peut être pas au vitriol, mais d’un acide subtil qui vous fait dire que certains scénaristes peuvent encore être sauvés…

4 / 5
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