True Detective – saison 2 : éloge de la lenteur

Ça avait mal commencé entre nous. D’abord parce que tu es une saison 2, et que comme un débile j’allais faire la même erreur que tous les autres débiles : te comparer avec la saison 1. Alors que je savais bien avant ton démarrage que tout était différent : pas les mêmes personnages, pas la même histoire. Est-ce que je t’ai jugé avant de te connaître ? Oui, j’avoue, c’est ma faute. Mea culpa.

Faut dire que tu l’as un peu cherché aussi. Ce meurtre exotique qui démarre une sombre histoire politico-immobilière où trois flics totalement différents vont enquêter « les uns sur les autres » (dans tous les sens du terme)… bonjour migraine. Avec tes pistes qui n’en sont pas mais au final qui en étaient quand même, tes dialogues pseudo-philosophiques et ta fausse intensité dans des scènes qui ne décollent pas, tu as tout fait pour qu’on te tape dessus. OK, « c’était fait exprès ». Tu t’en sors bien.

Car oui, il a fallu s’accrocher. Et puis tu as réussi ton coup, en offrant sans prévenir des scènes d’action d’une rare maîtrise. Ces règlements de comptes, cette fusillade urbaine de haute volée… bravo. Alors, tu as voulu jouer sur les deux tableaux, montrer qu’on pouvait gonfler une psychologie des personnages tout en déversant de l’adrénaline. Sur le premier point c’est réussi. Et même s’il n’a pas forcément autant servi à enclencher le second, le boulot a été fait.

Faut dire que c’était un sacré pari, de donner corps et âme à Vince Vaughn, Colin Farrell ou… Taylor Kitsch, bon sang ! Je ne me faisais pas trop de souci pour Rachel McAdams, et tu as confirmé. Mais quand même, belle surprise pour les trois autres. Toute la tension qu’on ressentait, c’était finalement la peur de voir un acteur se planter royalement dans son interprétation, non ? OK j’exagère. Tu m’as bien stressé avec cette soirée libertine dans les hauteurs de la Californie où j’ai cru que j’allais me faire choper comme l’une des participantes.

Je dois écrire mon avis (c’est le but de cet article) et mon avis c’est que je te pardonne. Je te pardonne ton générique (beau mais chiant) je te pardonne ton début de saison (long et chiant) je te pardonne ton intrigue et tes magouilles avec les Russes, les Mexicains, les Arméniens, les Asiatiques. Je te félicite pour ton final qui ne fait pas dans la facilité. C’est sûrement vrai qu’on ne t’aurait pas autant appréciée si tu n’avais pas creusé aussi profondément la cervelle de tes maudits héros. D’ailleurs le vrai héros de True Detective, c’est bien ce renard de Nic Pizzolatto. Il aura probablement mis sa tête à prix avec cette saison 2, et il l’aura sauvée. Pas sûr qu’il doive recommencer pour la suite.

3.5 / 5
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