Le MMA est un art pluriel. Chaque combattant possède ses propres techniques et méthodes. Il y a autant de combattants qu’il y a des façons d’appréhender le MMA. Pourtant, il existe des matières brutes, de véritables forces pures qui forgent leur talent à coup de victoires et de conquêtes. C’est précisément le cas de Karl Amoussou. Véritable figure du MMA en France et à l’international, il a su s’imposer rapidement parmi les meilleurs. Rapide, précis, agressif, un sol complet, voici ce qui pourrait le caractériser au mieux. A quelques mois de son prochain combat en Italie, il s’est confié pour Onlike.
1° Karl, tu as 30 ans et une trentaine de combats (du moins référencés) à ton actif. Peux-tu nous narrer le parcours du “Psycho” ?
C’est bien ça. J’ai effectué mon trentième combat de MMA en Décembre dernier et je me rends compte que je commence vraiment à prendre de l’expérience en combat et à l’approche du combat.
Mon parcours, c’est simplement celui d’un jeune judoka qui à l’âge de 16 ans a découvert le Pride et l’Ultimate Fighting. Pas une seconde je n’avais alors même pensé à pratiquer un sport avec de vraies frappes. Pourtant, deux ans plus tard je commençai à m’entraîner sous l’œil attentif de mon grand frère Bertrand. À l’âge de 19 ans, voulant à tout prix combattre, je suis parti me perfectionner chez Wanderlei Silva à la Chute Boxe. Le stage a duré 3 mois. J’avais tout juste de quoi me payer un repas par jour et être hébergé dans un misérable hôtel. L’expérience à la dure mais quelle expérience…
À mon retour Bertrand a estimé que j’étais prêt à combattre et m’a trouvé un combat semi-pro en Hollande. J’ai gagné en 27 secondes par Kimura et je savais que je voulais être champion de MMA. C’était il y a 10 ans déjà…
Après ça je suis passé pro, j’ai combattu un peu partout dans le monde : Cage Warriors, M-1, Dream, Strikeforce, Bellator. Il ne manque plus que l’UFC ! Je crois que j’en suis plus proche que jamais et j’ai sans aucun doute la bonne équipe et le bon staff pour y arriver.
2° Il y a une chose frappante lorsque l’on regarde tes combats, c’est cette assurance et cette détermination que tu affiches en rentrant dans la cage et même pendant le combat. Tu ne laisses aucun répit à ton adversaire et ton jeu au sol est vraiment complet. Comment prépares-tu tes combats ? (physiquement et psychologiquement)
Je ne pense pas être une exception en termes d’assurance et de détermination. Je suis toujours persuadé que je vais gagner le combat. En tous cas je me prépare dans ce but et la défaite n’est pas une option. Il n’en demeure pas moins qu’elle arrive parfois, mais pas avant que j’aie vendu chèrement ma peau.
Tout est fait pour que mon mental soit inébranlable. Le rôle de mon coach principal, Fernand Lopez, est essentiel car il me connaît sur le bout des doigts et me dit les bonnes choses au bon moment. La préparation physique a également un rôle prépondérant car quand mon cardio est bon je me sens beaucoup plus fort et dangereux. Je peux lâcher les chevaux et faire ce que je sais faire sans retenue. Mon préparateur physique Bakary Sissako fait un travail formidable tout comme mes coaches de sol et de lutte respectivement Thomas Loubersanes et Lurie Bejenari qui nous transmettent des techniques très pointues et efficaces et les adaptent à la perfection au MMA.
Je suis quelqu’un qui fonctionne beaucoup à la confiance et à l’affectif et c’est extrêmement important d’être entouré par des gens pour lesquels j’ai une très haute estime. C’est bien entendu le cas avec eux ainsi que tous mes coachs du MMA FACTORY.
3° Tu fus l’un des premiers combattants français professionnels à signer un contrat avec une grosse marque (Adidas). En France, la recherche de sponsoring et de bons sparrings est compliquée. Est-ce que cette signature a pu te permettre d’avoir un certain confort pour tes entraînements ? Des contrats pour des combats ?
Je ne suis plus avec Adidas depuis un peu plus d’un an maintenant et je n’ai aujourd’hui qu’un seul sponsor (Fair player) qui me fournit des compléments alimentaires et protéines de très bonne qualité.
Malheureusement, je n’ai aucun autre sponsor et aujourd’hui il n’est même pas envisageable de ne vivre que du combat. Beaucoup de gens imaginent que les combattants vivent plus que confortablement. Ce n’est pas le cas de la grande majorité. J’ai un travail comme beaucoup d’entre nous et je dois concilier boulot, entraînements, vie de famille et essayer de me rapprocher de l’excellence partout. Ce n’est pas une tâche aisée !
Quant aux contrats pour les combats j’étais, à l’époque de ma signature, déjà avec le Bellator et un sponsor ne permettra pas de signer dans une quelconque organisation. De toutes façons il est clair qu’aujourd’hui ma priorité absolue est l’UFC et je ne m’engagerai nulle part ailleurs.
4° Tu as fini l’année 2015 sur de belles prestations et de belles victoires (4 combats – 4 victoires). Quels sont tes objectifs pour 2016 ? L’UFC ?
Eh bien je ne crois pas pouvoir être beaucoup plus clair. L’UFC était mon objectif de 2015, il est mon seul et unique but pour 2016. Je sais que j’y ai ma place et je pense avoir fait mes preuves. Je ne comprends parfois pas comment l’UFC recrute des mecs classés loin derrière moi, mais je prends mon mal en patience et je serai là, prêt, n’importe quand à affronter n’importe qui ! En attendant, je dois continuer de gagner et c’est ce que je compte faire.
5° Parmi tes 30 combats, quel est celui qui t’a le plus marqué ?
Sans aucun doute ma finale du tournoi du Bellator face à Bryan Baker pour la fierté qu’elle m’a procurée et pour l’accomplissement dans ma carrière.
Du côté plus noirci du tableau, il y a aussi cette défaite face à Ben Askren pour la ceinture du Bellator. J’ai pensé à la revanche chaque jour, chaque nuit pendant 6 mois. J’y pense encore occasionnellement et je sais quel sera le résultat si cette chance se représente à moi. Askren n’affrontera pas le même adversaire, j’ai beaucoup progressé depuis. Quoi qu’il en soit, ce qui était une priorité hier ne l’est plus aujourd’hui. Je souhaite simplement avoir la chance de laver mon honneur.
6° Il y a de plus en plus de français à l’UFC dont Francis Ngannou qui a remporté son second combat dimanche dernier lors de l’UFC Zagreb. J’ai cru comprendre que tu as été son sparring partner. Comment s’est déroulé la préparation ?
J’ai été occasionnellement le sparring de Francis en lutte. Je pense que mon judo est un peu différent du style classique des lutteurs et que ça lui permettait de travailler avec quelqu’un au style peu orthodoxe. En boxe, il n’y a aucun intérêt pour moi. Trop de différence de niveau et de puissance. J’ai bien assez de sparring partners de qualité pour ne pas aller me frotter à un partenaire de 30kg de plus.
7° Entre jeunes parents on va se comprendre, le MMA va-t-il se transmettre de génération en génération ? Du baby MMA ? ;-)
Sans aucun doute, enfin j’espère. ;-)
Le premier vêtement de ma petite fille (âgée aujourd’hui de 3 semaines) était un kimono personnalisé. Je lui montrerai la voie. Elle aura le choix de la suivre ou pas mais j’espère qu’elle se prendra de passion pour le MMA.
8° Ton prochain combat se déroulera le 21 mai contre Simeon Thoresen à l’occasion du Venator FC 3 en Italie. Comment se passe ta préparation ?
Comme d’habitude, beaucoup de préparation physique, sparring, technique, mma, lutte, sol. Tout ça au MMA Factory.
9° Manuel Valls a récemment commandé une étude sur le MMA en France. Penses-tu que nous arriverons enfin à voir une légalisation du sport chez nous ?
Je suis méfiant. Je veux espérer, mais ça fait un moment que c’est le cas. Nous surfons depuis des années sur une pseudo interdiction qui n’existe pas. Nous, combattants et fans, devrions aussi faire attention à la façon dont nous communiquons sur notre sport. C’est un sport noble avec du respect comme je n’en ai jamais vu ailleurs. Certainement pas en judo…
Le MMA n’est pas illégal, preuve en est avec Le Cage Encounters qui a eu lieu en Septembre dernier. Si c’eût été le cas, il y aurait eu du monde en prison après l’événement. Mais non. Tout s’est passé à la perfection, sans la moindre anicroche dans une ambiance on ne peut plus sportive et pourtant de nombreuses personnes ont cherché à nous mettre des bâtons dans les roues avant et après l’événement.
Alors il serait grand temps que nous puissions enfin combattre comme il se doit, chez nous, à la maison.
10° J’ai pour habitude de laisser le dernier mot à la personne qui est interviewée. Tu as la parole !
Je remercie infiniment toute mon équipe, le MMA FACTORY, qui ne cesse de grandir grâce à son excellente gestion par Lopez et tous les coachs qui font que tout le monde peut s’y épanouir, du parfait débutant au pro confirmé brillant à l’UFC.
Merci à toutes les personnes qui me témoignent du soutien par des messages ou de simples attentions, j’y suis très sensible.
Et pour finir, je souhaite la bienvenue dans le monde à ma petite fille Alizée. En plus de mon épouse, je combattrais aussi désormais pour elle!
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En bonus, quelques vidéos de ses combats :
(c) Photos : Jude Abadi, Cage Encounter
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