A l’image de leur cinema, développé en marge du système hollywoodien (artistiquement, car financièrement ils sont en plein dedans), le dernier film des frangins-frangines Wachowski est un réceptacle foisonnant d’idées et de concepts, quitte à trop en faire. Clairement, le duo épaulé de Tom Tykwer (Cours Lola, Cours et Le Parfum, notamment) maîtrise plus que jamais l’art de la cinématographie, livrant une oeuvre dense et intriguante Mais à trop en faire, on peut en ressortir avec l’impression de trop avoir admirer le spectacle sans en avoir réellement profiter.
Une multitude d’époques, de personnages et de situations, voilà l’attrait de CLOUD ATLAS. Sa force et ses faiblesses. L’enjeu était de taille, l’adaptation jugée impossible et les Wachowski (plus un, donc) s’en sortent avec les honneurs. Voir la manifestation sans triomphe d’un talent de conteur. Avec des thématiques universelles (le destin, la vie, la mort…), ce film fleuve passe sans coup férir. Plus de deux heures trente de film au déroulé facile, malgré le changement incessant de ligne de temps et de lieu, dont chaque fil s’entremêlent pour livrer un verdict final sonnant comme une vérité absolue.
L’addition de superlatifs pour considérer ce vrai film de cinéma ne doit pas cacher que derrière ce grand spectacle, on cherche l’émotion. Et c’est sans doute le revers de la médaille. Sans avoir forcément le temps d’installer chaque situation, chaque segment démontre une ou deux réelles intentions mais l’exercice de forme (relativement parfait – les maquillages, les décors, les effets spéciaux sont sublimes) empêche d’accrocher à l’ensemble des éléments présentés.
Massacré à sa sortie par des distributeurs qui ne savait trop quoi en faire, CLOUD ATLAS est un vrai bijou de science-fiction, et de cinéma, qui n’aboutit pas au fond à nous transcender. Ceci étant, sa relecture pourrait s’avérer intéressante. Au moins pour aller chercher les indices cachés ou les apparitions d’un casting tournant sur quelques acteurs, grimés différemment selon les époques, représentatif d’un vrai univers liés à ses créateurs (au moins de cinéma, non littéraire) : riche, multiple et intriguant.
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