Comme un lion

C’est l’histoire d’un jeune africain, pauvre et avec tous les autres clichés possibles, qui se trouve être un super footballeur et un super buteur. Mais il sera fera bouffer par le business qui se cache derrière le sport. Le film se résume donc à cela. Et non, vous ne rêvez pas, vous avez déjà vu cette histoire des centaines de fois au cinéma. Mais Samuel Collardey ne veut pas faire un biopic sur un jeune africain en particulier. C’est pourquoi il est parti faire des recherches, à propos de plusieurs jeunes africains rêvant d’être de grands footballeurs en Europe.

C’est là le problème de base du film. En voulant regrouper plusieurs histoires réelles, le film ne s’occupe pas de son personnage principal. Le jeune Mitri vit constamment dans son rêve de football, sans jamais évoluer. Ce n’est pas un plan sur l’acteur marchant dans le froid la nuit, sans parole et avec seulement une musique de fond, que la mélancolie va naître. Ce n’est pas la pluie de difficultés qui va rendre le personnage plus attachant. A aucun moment le personnage principal n’est exploré intérieurement. A aucun moment les difficultés jouent sur sa psychologie. On a là un protagoniste vraiment très plat, sans âme dans le jeu d’acteur.

Samuel Collardey n’est donc pas en train de filmer un acteur, mais une histoire. En filmant seulement son histoire, le réalisateur en oublie le principal : la mise en scène. Aucune prestation d’acteur ne sort du lot. Du coup, on se fout complètement du grand nombre de personnages qui arrivent. C’est bien vrai, Samuel Collardey a apparemment aimé faire de grandes ellipses. A tel point que le film nous sert une pluie de personnages secondaires. En deux scènes, un problème est résolu, des nouveaux personnages apparaissent, et une nouvelle difficulté pointe le bout de son nez.

Ceci vient du fondement documentaire du film. En filmant en priorité son histoire, Samuel Collardey devient démonstratif à chaque scène. Des répliques qui se retrouvent être très explicatives, et qui ne montrent alors aucun enjeu réel pour le film. Mais qui montrent des enjeux particuliers, respectivement pour chaque problème abordé. A noter que le rêve sera résolu en même pas cinq minutes à la fin. C’est dire si tout le reste, auparavant, n’a servi à rien… Bref, l’ambiance documentaire est trop présente, et vient à faire tourner les difficultés dans des facilités narratives.

Le seul point positif dans ce film, ce n’est pas le thème du football. Décrit comme un monde de salauds, un cercle de potes, où il faut beaucoup d’argent. Le point positif n’est cependant pas bien abordé. Il se cache derrière le film une dimension politico-sociale. Ces européens qui viennent recruter en Afrique, cela donne des airs de colonisation. Mais ça dure le temps de quelques scènes au début. Et puis le thème s’envole. Dommage, il y avait peut-être quelque chose à exploiter. Ensuite, il y a la dimension sociale. Ce pauvre garçon qui erre dans la rue, sans argent, et qui trouve de l’aide. Même s’il acquiert du minimum pour vivre, il obtient de l’aide. Mais encore une fois, tout ceci est malheureusement brouillé par ce rêve de football.

Finalement, Comme un Lion est un film facile et bancal. Samuel Collardey vascille entre fiction et documentaire, mais ses recherches passées priment dans l’histoire. Du coup, le réalisateur ne filme pas un acteur/personnage, il filme une intrigue. Avec un personnage principal vraiment très plat, le film a une ambiance documentaire qui revient souvent. Avec sa réalisation démonstrative et ses répliques explicatives, les difficultés de l’histoire se retrouvent à tomber dans des facilités narratives. C’est d’autant plus dommage que se cachait derrière un message politico-social intéressant.

BONUS DU DVD : René et Yvonne (court métrage)

« C’est pas toujours gaie tous les jours » et « Je ne regrette pas notre jeunesse » sont les deux phrases qui résonnent dans ce court-métrage. Un film de 20 minutes qui est la juste longueur pour ce qui est raconté. Un couple de personnages âgées, à la retraite, habitant une ferme. Samuel Collardey les connait personnellement, et revient les voir au bout de 20 ans, pour filmer une de leur journée. A la fin du montage, 20 minutes de film. La journée de ce couple âgé parait être tout aussi longue. Les ellipses sont bien là, le spectateur les perçoit, mais dans l’histoire (rappelons que ce film est un documentaire) ils ne paraissent pas exister. C’est là le point fort du court-métrage. Un court-métrage qui résume une journée, qui résume un quotidien. A l’apparence vide, à l’intérieur presque apocalyptique. On ne sait pas si la fin est proche, mais on sait que les actions sont celles d’une fin de vie. Une vie où tout est compliqué, une vie passée, une jeunesse maintenant bien loin. Mais ils ne regrettent rien, ils ont fait leur vie. Désormais, ils vivent au jour le jour, prenant soin de leur santé, et prenant soin de leur maison. Note : 3,5 / 5

2 / 5
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