Des hommes sans loi

Difficile de faire plus intègre que John Hillcoat. En quelques films (THE PROPOSITION, LA ROUTE et même une vidéo pour le jeu vidéo RED DEAD REDEMPTION), cet australien s’est essuyé les bottes sur le western, redéfinissant le genre. Qu’il s’agisse d’une attaque frontale collé aux basques d’un Guy Pearce barbu, sur les dernières routes du monde en adaptant le sombre Cormac McCarthy ou bien aujourd’hui en pleine prohibition en confrontant trois frères indestructibles, Hillcoat sort les colts et frappe fort. Entre terres et grands horizons, le cinéaste aime les ambiances poussiéreuses, et le rappelle ici.

LAWLESS (en VO – à ne pas confondre avec un des prochains Malick!), ce sont donc trois frangins. Dans le désordre, Tom Hardy, Shia LaBeouf et Jason Clarke. Trois crapules, trois contrebandiers d’un alcool frelaté, et surtout trois têtes dures à cuire qui ont du mal à passer de vie à trépas. Tiré au sort, Hardy en ressort vainqueur, magnifique bouledogue grognard, boule physique tout juste sorti du DARK KNIGHT RISES, dont il garde limite la prestance et le phrasé. A ses côtés, LaBeouf parvient à nous esquisser une idée : et si, sorti des robots géants, le petit pouvait gagner ses galons d’acteur? Pourquoi pas… Hillcoat leur tisse en toile de fond un polar vicieux, pas forcément inattendu ni spectaculaire, sorte de partie de poker où on pense connaître les prochaines cartes. Et dans tout ça, l’élément perturbateur sera non pas Gary Oldman, éclipsé, mais un Guy Pearce pervers et sadique, un agent de la loi qui use de son badge avec une détermination machiavélique. L’affrontement sera terrible.

Mais LAWLESS ne joue pas vraiment le jeu. Au final Hillcoat et son compère Nick Cave (oui, le musicien reconverti scénariste et compositeur au cinéma) se sont un peu assagis, tant en misant sur une présence féminine (le souffle d’un charme pour Jessica Chastain..) que dans leurs résolutions. LAWLESS ne s’avère pas si dramatique, jouant sur les situations et les personnages, quelquefois avec humour. Un film léger sur le ton, un peu dur sur la forme,  porté par des comédiens très physiques. Une échappée belle en pleine côte Est, au cœur des forêts où brûle l’alcool de contrebande : un western familial, en somme.

4 / 5
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