Cannes 2016 / Compétition Officielle
Le retour du grand Verhoeven se fait étrangement par la France. Le néerlandais filmant collabore avec Isabelle Huppert pour un drame à l’ironie tranché, explorant nos bonnes et mauvaises intentions, nos désirs et nos envies, pour un résultat plus français que français, et une franche réussite.
Oui, Paul Verhoeven, mondialement reconnu pour ses films de genre, revient sur le devant de la scène avec un long métrage produit et interprété en français, adapté d’un roman hexagonal (de Philippe Djian). Une surprise ? Dans la manière peut être, mais pas dans le fond, tant ELLE est un nouveau vaisseau pour lui, servant à explorer nos connections sociales, nos réactions et nos habitudes face à un drame vécu par une femme, violée par un inconnu masqué. Mais sa réaction ne sera pas classique, et cet évènement va se répercuter sur la vie qu’elle s’est construite, sa famille et amis. Verhoeven s’amuse visiblement à décrypter l’univers de son héroïne, fait de faux semblants et de mensonges.
ELLE est un excellent thriller aux accents mystérieux. Un film tendu, autour d’une Isabelle Huppert parfaite, qui n’hésite pas à jouer d’un décalage presque irréel, toutes les personnes gravitant autour du personnage principal vivant des situations inédites, dont le paroxysme intervient autour d’un repas de fin d’année commun. Le spectateur a une vision globale, souvent un coup d’avance offert par la vision du réalisateur, permettant ainsi de mieux savourer le second degré présent à plusieurs moments. Film à savourer pour son regard acide, ELLE est une pleine réussite aux effets sobres, prouvant que Verhoeven peut exceller, toujours avec son regard critique, loin des blockbusters américains dont il avait l’habitude auparavant.
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