Juste la fin du monde, audacieux huis clos de Xavier Dolan

Cannes 2016 / Compétition Officielle

Xavier Dolan ne finira pas de nous étonner. Non content de truster les sélections depuis son plus jeune âge, et son premier film en tant que réalisateur (J’AI TUE MA MERE, 2009 – 5 films en 6 ans !), le voici qui revient avec un long métrage particulièrement attendu, l’adaptation d’une pièce de théâtre où il replace 5 acteurs français majeurs pour mieux en disposer. Toujours aussi percutant dans sa réalisation, le sale gosse le plus doué de sa génération n’est toujours pas avare en effets et envies.

JUSTE LA FIN DU MONDE, ce sont des retrouvailles d’un fils & frère avec sa famille, douze ans après les avoir quitté pour partir vivre de sa passion et ses amours dans une grande ville. Le voici de retour pour annoncer sa maladie, et sans doute sa mort prochaine. Moteur de l’action, mais finalement miroir de ses proches, le voici plutôt en spectateur d’un repas de famille où tout le monde va en profiter pour vider son sac, ses émotions et ses rancoeurs devant les autres. Huis clos filmé dans les moindres recoins, ce 6e film de Dolan est sans doute la première pierre d’un second cycle pour le cinéaste, jamais éloigné de ses thématiques familiales, mais dans la forme à l’opposé son précédent, MOMMY, aussi lumineux et ouvert que celui-ci est sombre et fermé.

Baye, Cotillard, Cassel, Seydoux & Gaspard Ulliel, en voici un joli casting. Après 5 films québécois, Dolan cultive donc ici des figures françaises, avant de s’attaquer au cinéma américain pour son prochain projet déjà planifié. Les 5 comédiens se déchirent, s’engueulent, passent et repassent devant le cadre d’un Dolan jamais fatigué d’explorer, de tester. Un cinéma radical, abrupt, qui ne plaira pas à tout le monde, et divisera. Un cinéma aussi vivant qu’intriguant, et une réalisation qui avance, qui teste. Xavier Dolan n’a pas fini de nous étonner ; à nous d’apprécier, ou non.

4.5 / 5