Keeper, portrait imparfait d'une jeunesse aux désirs tourmentés

Réalisé par Guillaume Senez
Écrit par Guillaume Senez, David Lambert
Avec Kacey Mottet Klein, Galatea Bellugi, Catherine Salée, Sam Louwyck, Laetitia Dosch, Corentin Lobet
Belgique
95 minutes
Sortie le 23 Mars 2016.

Maxime et Mélanie s’aiment. Ensemble, ils explorent leur sexualité avec amour et maladresse. Un jour, Mélanie découvre qu’elle est enceinte. Maxime accepte mal la nouvelle, mais peu à peu se conforte dans l’idée de devenir père. C’est maintenant décidé : du haut de leurs quinze ans, Maxime et Mélanie vont devenir parents… Un portrait d’une jeunesse qui veut vivre ses désirs, mais qui se retrouvera face à ses erreurs. Des responsabilités vont apparaître pour ces deux adolescents, qu’ils n’avaient pas prévu dans leurs plans futurs.

Le film peut compter sur quelques ruptures de tons, entre les scènes où l’ambiance et le comportement est propre aux adolescents, puis des scènes où ils doivent prendre des décisions et apprendre à vivre avec un bébé à venir. Ce qui commençait comme un teen movie traditionnel devient petit à petit un mélodrame du « trop tôt ». Parce que dans le film, tout semble de ne pas arriver au bon moment, mais surtout toujours en avance. Les deux protagonistes n’ont pas le temps de souffler, qu’une rupture de ton apparaît pour les replacer face à leur statut. Ces différences de tons se justifient par leur environnement : ils ne peuvent agir seuls, alors leur entourage les garde dans leur jeu de manipulation.

Les parents ont un rôle important dans ce film, en particulier l’excellente Laetitia Dosch, en mère colérique / protectrice / mélancolique du passé. Ce que leur entourage leur rappelle, et que le long-métrage prendra trop de temps à montrer, c’est que cette responsabilité entraîne la chute des désirs de la jeunesse. Toute leur rêverie de jeunesse s’écroule d’un seul coup, chaque désir est coupé court pour que le film se concentre sur une narration déjà-vue : celle de la relation entre les deux futurs parents, qui connaît des hauts et des bas, blablabla, etc. Mais il y a un léger avantage à cela : c’est que le film se lance à fond dans l’exploration de la naissance de l’âge adulte. Les deux adolescents n’agissent plus du tout comme au début du film, les ruptures de tons changent quelque peu la mise en scène. Contrevenir à une règle du collectif (le rêve du jeune père) et s’isoler pour se reposer (la jeune mère).

Même si la fin verse tout le pathos possible que le long-métrage a pourtant repoussé pendant 80 minutes, il faut admettre qu’il isole intelligemment ses protagonistes. Ce mélodrame a un atout essentiel : il ne regarde pas une seule manière de faire face aux responsabilités. La séparation, à un moment donné, des deux adolescents va les isoler pour déterminer leur point de vue respectif. Cela permet de confronter l’individualité à la responsabilité de la famille. Même si la caméra n’arrive à suivre cet élément de narration, elle montre une réelle tendresse envers ses personnages. Parce que c’est d’abord un film de fond, bien qu’il soit trop gentil dans son traitement. Il n’y a jamais le risque de brusquer les protagonistes, il y a quelques déceptions pour eux, mais rapidement effacés au profit de l’arrivée d’un bébé. Ne pas bousculer la psychologie des personnages, mais transformer leurs attitudes. Un mal pour un bien, mais insuffisant.

2 / 5