Le disciple, brillante démonstration russe

Cannes 2016 / Un Certain Regard

Présenté à Cannes en compétition dans la sélection Un Certain Regard, Le Disciple est un film russe complexe, malheureusement parti presque bredouille (avec uniquement le Prix François Chalais, que personne ne connaît).

On suit la vie de Venia, un lycéen en proie à une crise mystique qui ne parle que par la Bible. Il remet tout en question, ses cours de piscine, ses cours d’éducation sexuelle, ses cours de biologie, la théorie de l’évolution qui lui est enseignée et même les valeurs de sa mère. Comment va-t-il bouleverser la vie tranquille de son lycée ?

Ce qui impressionne en premier lieu dans ce film c’est sa mise en scène. Le réalisateur choisit de tourner un enchaînement de plans-séquences et donne ainsi à son film une grande intensité. Chaque scène prend le temps de se dérouler et amène progressivement le spectateur vers une violence saisissante. Étonnamment, à côté de cette violence, on rit beaucoup. On rit de l’absurdité qui émane de nombreuses situations dans le film, permises aussi par ce parti pris de mise en scène. Enfin cerise sur la gâteau, j’ai adoré le dispositif choisi par le réalisateur pour nous indiquer quand Venia cite la Bible. C’est ludique, esthétique, efficace.

A travers le portrait de ce jeune homme un peu particulier, le cinéaste nous présente la Russie actuelle continuant sa mutation avec encore les réminiscences de la dictature. Ici, la dictateur n’est autre que Venia et son territoire le lycée, qu’il contraint pas à pas à son dogme.

Avec un choix formel très précis, le cinéaste russe nous raconte deux histoires, celle de son pays et celle de l’adolescence. Le tout avec beaucoup d’intensité et un humour qui équilibre son récit plutôt tragique.

4 / 5